AFP: Plus de 120 députés européens ont demandé dans une pétition le report de la fermeture du camp d’Ashraf, en Irak, où quelque 3.400 réfugiés iraniens opposés au régime de Téhéran risquent selon eux d’être « massacrés », ont annoncé mercredi les promoteurs de cette initiative.
Les pétitionnaires « demandent instamment » à la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, aux Etats membres de l’UE, à l’ONU et aux Etats-Unis de faire pression sur le gouvernement irakien pour qu’il renonce à son projet de fermer le camp d’ici au 31 décembre.
Ce projet de fermeture « pourrait servir de prétexte pour un massacre à grande échelle », s’alarment les signataires de ce texte, dont l’initiative revient notamment au conservateur britannique Struan Stevenson, au libéral belge et ancien commissaire européen Louis Michel, et à l’écologiste français José Bové.
« Les préparatifs sont en cours pour une suppression complète des gens de ce camp », a assuré lors d’une conférence de presse à Strasbourg M. Stevenson, qui préside la délégation du Parlement européen pour les relations avec l’Irak.
L’Union européenne et d’autres pays occidentaux sont prêts à accueillir les résidents du camp, mais le processus est bloqué par « des obstacles mis en place par le Premier ministre irakien lui-même, à cause de pressions venues d’Iran ».
« Or l’Iran veut que les résidents du camp soient éliminés », a ajouté l’élu écossais, qui évoque le risque d’un « massacre à la Srebenica » et appelle la communauté internationale à agir « avant qu’il ne soit trop tard ».
La semaine dernière, la dirigeante du principal mouvement d’opposition iranien en exil, Maryam Radjavi, avait évoqué le risque d’une attaque « imminente » du camp d’Ashraf par les forces irakiennes, laquelle pourrait conduire à un « bain de sang ».
Déclarés hors-la-loi en 1981 par le régime islamiste au pouvoir à Téhéran, les Moudjahidine du peuple ont été accueillis quelques années plus tard en Irak, en pleine guerre contre l’Iran.
Le camp d’Ashraf a été désarmé après l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis et leurs alliés, en 2003. Les Américains ont alors assuré la sécurité du camp avant de la transmettre en 2010 aux Irakiens.
Les Moudjahidine, qui demeurent des opposants résolus au régime iranien, sont depuis lors un sujet de contentieux entre Bagdad et Téhéran.
En avril, l’armée irakienne avait lancé un raid contre le camp, causant la mort de 34 personnes et faisant plus de 300 blessés.