Le Droit (Canada) – 9 septembre – La décision par le gouvernement canadien de couper les ponts avec l’Iran ne fait pas l’unanimité dans la communauté iranienne locale.
Pour plusieurs personnes rencontrées par LeDroit, les pressions diplomatiques du Canada sur Téhéran ne « changeront rien, ou si peu », en plus d’avoir des conséquences néfastes sur leurs liens avec leur famille qui se trouve dans leur pays natal.
Maintenant que le Canada a rapatrié son personnel diplomatique d’Iran et demandé aux dignitaires perses de quitter Ottawa, certains craignent qu’il soit impossible d’obtenir des visas, souligne Ali Shojaee, un restaurateur de la région.
« Le gouvernement iranien se fiche du Canada et des autres pays occidentaux, affirme-t-il, inquiet. Il ne fera que retourner les armes contre sa population. »
Le pays du Moyen-Orient subit des pressions de la part de la communauté internationale depuis plus de trente ans, dit-il, et rien ne laisse présager pour l’instant que le régime de Mahmoud Ahmadinejad baissera les bras.
Un mal pour un bien
D’autres membres de la communauté voient d’un bon oeil le retrait des diplomates canadiens.
« C’est un pas dans la bonne direction, soutient Shahram Golestaneh, de l’Association démocratique iranienne, qui voit dans le geste canadien beaucoup plus qu’un symbole.
M. Golestaneh reconnaît que la dissolution du lien diplomatique créera des frustrations chez ceux qui souhaitent circuler entre les deux pays, mais il s’agit d’un mal pour un bien. À la condition, dit-il, que d’autres pays imitent le Canada. Pour l’instant, d’autres pays occidentaux, notamment la France et la Grande-Bretagne, se sont contentés d’imposer des sanctions économiques.
Si le Canada a décidé de fermer son ambassade en Iran et d’expulser les diplomates iraniens au pays, c’est notamment parce que la sécurité des diplomates canadiens était en péril à Téhéran.
C’est ce qu’a déclaré le premier ministre Stephen Harper, hier, en Russie, en marge du sommet de l’APEC, à Vladivostok.
M. Harper rappelle que l’ambassade britannique à Téhéran a été prise d’assaut en novembre dernier par des manifestants. Cet incident, selon lui, démontre que l’Iran n’a aucun respect pour l’immunité et la protection diplomatiques.
Parmi les autres raisons qui justifient la rupture des relations avec l’Iran, Stephen Harper souligne le programme nucléaire de Téhéran, son appui au terrorisme et son antisémitisme.
Par ailleurs, le président du Parlement iranien a annulé hier une visite qu’il devait faire au Canada cet automne afin de protester contre la décision d’Ottawa.
L’opposition néo-démocrate à Ottawa déplore cette décision du gouvernement Harper. Selon le député Paul Dewar, porte-parole du NPD en matière d’Affaires étrangères, cette rupture fait en sorte que le Canada n’aura plus aucun rôle à jouer pour réduire les tensions entre l’Iran et la communauté internationale.
Avec La Presse Canadienne