AFP, 21 mai – L’Iran « examine une proposition » russe de coopération pour la production d’uranium enrichi, au moment où d’intenses efforts sont en cours pour éviter un dénouement de la querelle nucléaire devant le Conseil de sécurité, a indiqué samedi à l’AFP un négociateur iranien.
Selon Cyrus Nasseri, Moscou a proposé à Téhéran d’utiliser de l’uranium, qui serait d’abord converti en Iran, pour l’enrichir en Russie et le réexpédier ensuite en Iran pour servir de combustible à la future centrale nucléaire de Bouchehr (sud).
« Nous sommes en train d’examiner cette proposition », a-t-il dit.
Cela supposerait que l’Iran redémarre son usine de conversion d’Ispahan (centre). Or l’Union européenne, qui a obtenu en novembre 2004 la suspension par l’Iran de toutes ses activités relatives à l’enrichissement, y compris la conversion, s’emploie à dissuader la République islamique de reprendre le travail à Ispahan.
Les Européens ont prévenu les Iraniens qu’ils n’auraient d’autre choix que de soutenir l’envoi du dossier iranien devant le Conseil de sécurité, préconisé depuis des mois par les Américains, si Téhéran reprenait la conversion.
Pour ne pas en arriver là et sauver des négociations engagées en décembre, une réunion dite de « la dernière chance » par les Iraniens eux-mêmes devrait mettre face à face dans les prochains jours en Europe les ministres allemand, britannique et français des Affaires étrangères et le dirigeant iranien en charge du nucléaire, Hassan Rohani.
D’intenses tractations sont menées pour préparer cette rencontre.
On ignore la position européenne sur la proposition russe, si elle est confirmée. Jusqu’alors, les Européens ont refusé toute reprise de la conversion.
Les Américains ont quant à eux déjà opposé une fin de non-recevoir.
« Il y a apparemment une idée comme ça, que les Iraniens ont fait circuler auprès des Russes », a dit le porte-parole du département d’Etat, Richard Boucher.
Cette idée « ne fait que nous renforcer dans notre opinion que les efforts de l’Iran en matière de conversion et d’enrichissement de l’uranium sont en fait destinés à avoir la capacité de fabriquer des armes nucléaires », a-t-il dit.
Il a fait valoir que l’Iran n’avait pas de raison de se lancer dans de telles activités avec la Russie car cette dernière s’est déjà engagée à lui fournir le combustible pour la centrale de Bouchehr.
Ce sont les Russes qui construisent actuellement la première centrale civile iranienne sur le Golfe.