AFP, Bruxelles, 24 mai – Un responsable iranien a évalué mardi « à 50/50 » les chances d’un compromis avec l’UE sur le programme nucléaire contesté de l’Iran, à la veille d’une réunion cruciale à Genève entre Européens et Iraniens, au bord de la rupture.
Présentée comme celle « de la dernière chance », la réunion des ministres des Affaires étrangères de « troïka » européenne (Allemagne, France, Royaume-Uni) avec le chef du programme nucléaire iranien Hassan Rohani, intervient dans un climat tendu.
L’Iran insiste en effet pour reprendre des activités nucléaires sensibles. L’Union européenne, offrant en échange une coopération multiforme, s’y oppose et menace de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies en vue de sanctions éventuelles. Une saisine que réclament déjà les Etats-Unis.
« Les chances de succès à la réunion ministérielle (…) celles d’un compromis entre les deux parties sont à 50/50 », a indiqué Hossein Moussavian à des journalistes, au sortir d’une réunion préparatoire de deux heures avec des représentants allemands, britannique et français à l’ambassade de France auprès de la Belgique.
M. Moussavian, porte-parole des négociateurs nucléaires iraniens, a aussi constaté que les divergences restaient fortes: « Nous avons fait quelques pas en avant » mais « les discussions sont très difficiles. Jamais les négociations n’ont été dans une phase aussi difficile ».
Le chef de la diplomatie britannique Jack Straw avait annoncé lundi des discussions « rudes », mais probablement « couronnées de succès ».
Les trois ministres européens et M. Rohani doivent se retrouver mercredi après-midi à la résidence de l’ambassadeur d’Iran à Genève, puis donner une conférence de presse, selon une source européenne.
Le Haut représentant pour la politique extérieure de l’UE, Javier Solana, sera présent.
Après l’échec d’une réunion le 29 avril à Londres avec les Européens, Téhéran a menacé de reprendre ses activités à l’usine de conversion d’uranium d’Ispahan (centre). L’Iran a accepté in extremis un dernier round de négociations, tout en affirmant que la conversion était « irréversible ».
La troïka a obtenu en novembre dernier une suspension par les Iraniens de toutes les activités relatives à l’enrichissement de l’uranium, y compris la conversion. Elle demande à Téhéran de renoncer totalement à l’enrichissement, seule garantie probante que l’Iran ne fabrique pas l’arme nucléaire.
La conversion de l’uranium produit un gaz (UF6) qui sert à enrichir l’uranium. Or, l’uranium hautement enrichi peut servir à des fins tant militaires que civiles.
Selon le centre d’analyse américain Carnegie Endowment for International Peace, les Iraniens comptent notamment proposer à la troïka de s’engager à la reprise partielle des activités à Ispahan puis celle, limitée, de centrifugeuses à Natanz pour enrichir l’uranium.
Téhéran s’engagerait à renoncer par la loi à acquérir des armes nucléaires et à « autoriser la présence continue in situ d’inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) » à Ispahan et Natanz.
Cette dernière proposition a été confirmée de source iranienne.
Toujours d’après ce résumé de la Carnegie, l’Iran demanderait notamment à l’UE de construire des centrales nucléaires en Iran, de « garantir la livraison de combustible nucléaire aux futurs réacteurs », et de coopérer en matière de défense.
L’UE a déjà promis à l’Iran de l’appuyer dans une procédure d’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Les ministres des Affaires étrangères des 25 pays de l’UE avaient adressé lundi un message de fermeté à Téhéran.
« L’Iran doit respecter les engagements pris en novembre dernier. Il ne peut y avoir d’entorses à ces engagements. Le développement des relations entre l’UE et l’Iran en dépend », avait averti le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, dont le pays préside l’UE.
Nucléaire: l’Iran estime à 50/50 les chances d’un accord avec l’UE mercredi
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