Reuters, Genève, 26 mai – par Parisa Hafezi et Thomas Atkins – L’Union européenne et l’Iran se sont offerts deux mois supplémentaires pour parvenir à un accord sur le programme nucléaire iranien, repoussant ainsi une éventuelle saisine du Conseil de sécurité de l’Onu.
Après trois heures de négociations à Genève avec les ministres des Affaires étrangères de la « troïka » européenne – le Français Michel Barnier, le Britannique Jack Straw et l’Allemand Joschka Fischer – le chef de la délégation iranienne, Hassan Rohani, a déclaré aux journalistes que l’UE présenterait d’ici à la fin du mois de juillet à l’Iran un ensemble de propositions pour sortir de la crise.
Ces propositions européennes viseraient notamment à renforcer l’accord conclu en novembre par lequel l’Iran a accepté de suspendre ses activités de traitement de l’uranium en échange d’incitations économiques et technologiques.
« L’UE s’est engagée à présenter à l’Iran une proposition détaillée (…) Nous pensons que nous devrions parvenir à un accord raisonnable dans un laps de temps relativement court », a déclaré Rohani, en ajoutant qu’il soumettrait cette offre aux autorités de Téhéran.
L’accord conclu mercredi, aux termes de négociations qualifiées de « la dernière chance », implique que Téhéran va maintenir le gel de ses activités nucléaires sensibles, a pour sa part souligné Straw. D’après le secrétaire au Foreign Office, Rohani a en outre renouvelé l’engagement de l’Iran sur le caractère pacifique de son programme nucléaire.
« Ce que cela garantit, c’est que l’Iran va maintenir la suspension de ses activités de retraitement de matériau nucléaire », a répondu Straw aux journalistes qui lui demandaient de préciser la teneur de l’accord conclu mercredi.
LES AMÉRICAINS SCEPTIQUES
Les Etats-Unis accusent l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique sous le couvert d’un programme nucléaire civil, ce que dément Téhéran. La République islamique estime avoir le droit, en tant que signataire du Traité de non-prolifération, de développer une technologie civile.
Avant les discussions de mercredi à Genève, l’Iran a ainsi menacé de reprendre la conversion d’uranium. La troïka européenne, qui a obtenu le soutien des Etats-Unis dans ces négociations, avait cependant prévenu qu’une telle initiative la conduirait à appuyer la volonté américaine d’une saisine du Conseil de sécurité de l’Onu en vue de sanctions contre la République islamique.
Washington, pour sa part, a réagi avec prudence mercredi, en répétant son soutien aux efforts européens mais aussi ses doutes sur le programme iranien.
« L’Iran a dissimulé ses activités nucléaires à la communauté internationale pendant deux décennies. C’est pourquoi nous sommes sceptiques quant à ses activités », a déclaré Scott McClellan, porte-parole de la Maison blanche.
A l’issue des négociations de Genève, les Iraniens se félicitaient d’avoir pour la première fois arraché aux Européens la promesse d’un plan détaillé pour un accord final.
« C’est important pour nous car depuis le début, l’un de nos principaux motifs de préoccupation a été que les négociations se prolongent de manière excessive », s’est réjoui Rohani.
Pour de nombreux diplomates toutefois, les Européens ont obtenu à Genève ce qu’ils étaient venus chercher: reporter toute décision après l’élection présidentielle iranienne du 17 juin, dont le grand favori, Akbar Hashemi Rafsanjani, est réputé pour ses talents diplomatiques.
« Quoi qu’il en soit, rapprocher des positions divergentes sera tout sauf aisé », a cependant prévenu Fischer devant les caméras de la chaîne de télévision allemande ZDF.