Iran Focus, Téhéran, 11 juillet Le bouclage du pouvoir par les ultras à Téhéran depuis larrivée dAhmadinejad à la présidence soulève avec raison de graves inquiétudes quant aux négociations nucléaires. Les signes dun durcissement sont manifestes.
En effet, la nouvelle de la démission de Hassan Rohani, chef des négociations nucléaires du côté iranien, est interprétée par les analystes et les experts comme la suite de la lutte intestine qui durant la dernière campagne présidentielle a coupé lherbe du pouvoir sous les pieds de Rafsandjani.
Ali Agha-Mohammadi, président de la commission des renseignements du Conseil suprême de sécurité national, a démenti la nouvelle de cette démission. Mais ce démenti était en fait lannonce polie de sa mise à lécart, puisquil a précisé quil ne resterait en place que jusquà la fin du gouvernement Khatami (un peu moins dun mois).
Rohani a été le représentant très influent de Khomeiny au « conseil suprême de défense ». Un conseil qui a géré huit ans durant la guerre Iran-Irak. Dans la cinquième législature, il a été premier vice-président du parlement au pouvoir très étendu. Il a enfin atterri secrétaire du Conseil suprême de sécurité. Il gérait ce conseil en suivant les ordres de Khameneï de manière à ne laisser à son président, Khatami, quun rôle protocolaire.
Depuis 2003, il dirigeait les négociations les plus complexes et les plus sensibles de la théocratie, servant de lien direct entre le guide suprême et les Européens. Durant toute cette période, il a occupé un rang plus élevé que le ministre des affaires étrangères, Kharrazi, et n même pas tenu Khatami au courant de ses démarches.
Ces fonctions faisaient quon voyait en lui le successeur potentiel de Khatami. Mais la candidature de Rafsandjani à la présidentielle, a mis fin à un autre rôle crucial, qui était celui dintermédiaire entre Rafsandjani et Khameneï. Le 17 juin, Rohani sest rendu chez le Guide suprême pour soumettre la demande Rafsandjani de se désister de sa candidature à la présidentielle. Khamenei lui a répondu : « Rafsandjani ne doit pas créer de crise. » En sortant de chez le guide suprême, Rohani savait que le sort de Rafsandjani était scellé, quun séisme politique allait bouleverser tous les mécanismes qui avaient maintenu tant bien que mal le régime à la surface, et quavec lélimination de Rafsandjani, sa présence dintermédiaire dans les négociations atomiques naurait plus de raison dêtre.
Un journaliste de grande expérience à Téhéran, considère Rohani comme la pierre dangle des intérêts de Khameneï, de Rafsandjani et des partenaires européens. Pour lui, « quand Rohani est mis de côté, cela signifie dabord que Khameneï ne se prêtera plus au jeu des Européens et quensuite il poursuivra les négociations sans lombre ni linfluence de Rafsandjani. »
On peut donc se poser la question de savoir si la vie politique dHassan Rohani a touché à sa fin, et si cela signifie que le navire des négociations nucléaires est en train de sombrer avec son capitaine.