AFP : 31 octobre – L’Iran a affirmé dimanche par un vote symbolique de son parlement sa détermination à enrichir l’uranium, mais a laissé sa chance à la négociation en réclamant des Européens des engagements « concrets » pour éventuellement cesser cette activité qui alarme la communauté internationale.
Le Parlement à majorité conservatrice a adopté aux cris de « mort à l’Amérique » une proposition de loi en faveur d’une reprise de l’enrichissement. Une telle reprise entraînerait pourtant presque immanquablement l’envoi du dossier nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité de l’Onu.
C’est pour ne pas en arriver là que les Européens négocient actuellement avec les Iraniens, à l’approche d’une session cruciale de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dont l’ouverture est prévue pour le 25 novembre.
Au-delà des innombrables déclarations d’intransigeance, le porte-parole des Affaires étrangères Hamid Reza Asséfi a signifié que les tractations se poursuivaient en réclamant que les Européens présentent le calendrier d’une éventuelle coopération nucléaire et prennent des engagements « précis et concrets » lors d’une rencontre prévue pour le 5 novembre à Paris.
Les 247 parlementaires présents ont approuvé unanimement, selon le président du Majlis (assemblée) Gholam Ali Hadad Adel, un texte en vertu duquel « le gouvernement est tenu (…) d’agir pour que le pays maîtrise la technologie nucléaire civile, notamment le cycle de production de combustible », c’est-à-dire l’enrichissement.
M. Hadad Adel a parlé d' »un message adressé à l’étranger (et montrant) que le Parlement ne cèdera pas à l’intimidation ».
« Si ce texte est adopté, l’Iran devra fixer une date pour la fin de la suspension de l’enrichissement », avait déclaré à l’agence Irna, avant le débat, le président de la Commission parlementaire de la sécurité nationale, Allaeddin Boroudjerdi.
« Nous allons reprendre le droit qui nous a été retiré », a-t-il ensuite proclamé.
Les plus radicaux des députés ont cependant, comme Saïd Abou Taleb, déploré les limites à leurs yeux de la loi. « Cette loi était bonne il y a deux mois, mais elle n’a plus de valeur vu ce qui s’est passé entre-temps; nous devons présenter une loi qui mette effectivement fin à la suspension de l’enrichissement », a-t-il dit.
La parlementaire conservatrice Rafaat Bayat a commencé par réclamer que soit inscrit à l’ordre du jour un autre texte, soutenu selon elle par une centaine de collègues: il aurait forcé le gouvernement à reprendre l’enrichissement et à soustraire le pays à un contrôle renforcé de ses activités nucléaires par l’AIEA. Elle a ensuite annoncé le retrait de cette initiative.
L’enrichissement d’uranium par l’Iran constitue une préoccupation majeure de la communauté internationale, inquiète que la technologie produisant le combustible pour les futures centrales iraniennes ne soit détournée pour fabriquer l’arme atomique.
La République islamique est menacée de voir l’AIEA décider, à partir du 25 novembre, d’en référer au Conseil de sécurité.
Pour empêcher cela, Berlin, Paris et Londres ont fait à l’Iran une offre en échange d’un arrêt illimité de l’enrichissement. Ils seraient prêts à donner des assurances quant à l’approvisionnement de la République islamique en combustible nucléaire, entre autres propositions touchant au nucléaire, mais aussi au terrorisme ou encore au commerce.
Lors de la rencontre prévue à Paris, « nous attendons de leur part le calendrier d’une coopération et nous insistons sur ce point », a déclaré devant la presse M. Asséfi.
« Nous attendons qu’au cours de cette réunion (à Paris), les Européens définissent des engagements précis, concrets et clairs », a-t-il ajouté.
M. Asséfi a constaté « quelques progrès » par rapport à la semaine dernière, quand il avait jugé les offres européennes « déséquilibrées ».
Mais il a réclamé que les Européens « clarifient ce qu’ils entendent » quand ils disent que la suspension durera jusqu’à la conclusion d’un accord à long terme.