AFP : 2 novembre – Les Européens n’exigeront plus explicitement de l’Iran une suspension illimitée de ses activités liées à l’enrichissement d’uranium, ouvrant la voie à un compromis avec Téhéran, ont annoncé des diplomates mardi à Vienne.
Les ambassadeurs de France, de Grande-Bretagne et d’Allemagne devaient remettre mardi à Téhéran une proposition écrite en ce sens, a-t-on indiqué de mêmes sources.
« Le texte contourne la question de l’enrichissement d’uranium en soulignant que la suspension (des activités liées à l’enrichissement) devait tenir le temps de conclure des négociations sur le statut à long terme du programme nucléaire iranien », a précisé sous le couvert de l’anonymat un diplomate occidental.
« Il s’agit d’une version au langage très travaillé, pour ainsi dire, qui contourne le problème » de l’enrichissement, a confirmé un autre diplomate proche des pourparlers, qui a également refusé d’être nommé.
Français, Allemands et Britanniques doivent avoir vendredi à Paris une troisième séance de négociations avec les Iraniens pour les convaincre de cesser toutes leurs activités liées à l’enrichissement en échange d’une coopération nucléaire avec l’Union européenne (UE).
Au cours de cette réunion, qui fait suite à deux autres rencontres n’ayant pas abouti les 21 et 27 octobre à Vienne, Paris, Berlin et Londres veulent tenter d’empêcher d’éventuelles sanctions qui pourraient être imposées par le Conseil de sécurité des Nations unies, si l’Iran maintenait son refus de mettre un terme à l’enrichissement d’uranium.
L’uranium hautement enrichi peut servir aussi bien à l’énergie nucléaire civile qu’à mettre au point une bombe atomique.
La troïka européenne propose de fournir à l’Iran de la technologie nucléaire civile si ce pays prouve qu’il ne cherche pas à se doter de l’arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, comme le pensent les Etats-Unis.
En cas de poursuites par Téhéran d’activités liées à l’enrichissement d’uranium, la communauté internationale menace de transférer le dossier du nucléaire iranien de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA), où il est encore soumis à examen, au Conseil de sécurité.
« Les Etats-Unis restent l’arme au pied, attendant de voir comment les Iraniens vont réagir » à l’offre européenne, qui est faite pour éviter une saisine du Conseil de sécurité à la prochaine réunion de l’AIEA, le 25 novembre à Vienne, a indiqué le premier diplomate occidental.
Mardi à Téhéran, un responsable iranien a indiqué que l’Iran accepterait de suspendre au maximum pendant six mois l’enrichissement d’uranium, le temps de parvenir à un accord avec les Européens.
« Nous leur avons dit (aux Européens) qu’une suspension illimitée n’était pas acceptable », a déclaré le principal négociateur iranien, Hossein Moussavian.
« Je crois que les négociations (pour un accord avec les Européens) peuvent durer au maximum six mois, pas plus », a-t-il ajouté. Il a cependant refusé de dire si l’Iran aura repris dans tous les cas l’enrichissement dans six mois. « La négociation pour un accord global peut être achevée en trois mois », s’est-il contenté de dire.
A Bruxelles, le Haut représentant de l’UE pour la politique étrangère Javier Solana a indiqué mardi qu’il « n’avait pas perdu l’espoir » d’un accord des Européens avec l’Iran.
« Nous avons eu des réunions avec les Iraniens qui sont devenues progressivement constructives », a déclaré M. Solana à la presse après une réunion des ministres des Affaires étrangères des 25 à Bruxelles. « Je n’ai pas perdu l’espoir que nous arrivions à quelque chose entre maintenant et la prochaine réunion » de l’AIEA à Vienne, a-t-il ajouté.
Mardi également, le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, s’est dit « raisonnablement optimiste » sur l’issue des négociations menées avec l’Iran par la troïka européenne.
Il a néanmoins réitéré l’exigence des Européens d’une suspension « durable » par Téhéran de l’enrichissement de son uranium pour arriver à un accord. « Nous sommes dans une phase de discussions extrêmement intenses avec le gouvernement de Téhéran et nous abordons cette dernière phase de discussions avec un certain optimisme, fondé sur notre travail, sur les premières réponses que nous avons reçues », a déclaré M. Barnier à Bruxelles.
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