AFP : 2 novembre – L’Iran est prêt à suspendre l’enrichissement d’uranium et à accéder à une exigence capitale des Européens pour ne pas être déféré devant le Conseil de sécurité de l’Onu, mais pour une période limitée, a déclaré à l’AFP un haut responsable du nucléaire à Téhéran.
Les représentants des trois grands Européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne) négocient actuellement avec les Iraniens pour les convaincre de cesser toutes les activités relatives à l’enrichissement et éviter un recours au Conseil de sécurité, appelé de leurs voeux par les Américains.
Hossein Moussavian, un des principaux négociateurs iraniens, a laissé entendre que Téhéran pourrait accepter de suspendre, pour au maximum six mois, le temps de trouver un accord à long terme avec les Européens.
« Je crois que les négociations (pour un tel accord) peuvent durer au maximum six mois, pas plus », a dit M. Moussavian. Selon lui, la négociation peut même « être achevée en trois mois ».
Les Européens, inquiets que la technologie produisant le combustible pour les futures centrales iraniennes ne soit détournée pour fabriquer l’arme atomique, visent certes un renoncement définitif de la part des Iraniens à l’enrichissement. Comme tous les dirigeants avant lui, M. Moussavian l’a catégoriquement exclu: « Nous leur avons dit (aux Européens) qu’une suspension illimitée n’était pas acceptable ».
Mais les Européens prendraient acte que les Iraniens ont effectivement suspendu l’enrichissement à proprement parler, ainsi que les opérations préalables (assemblage de centrifugeuses, conversion de minerai d’uranium), comme l’Agence internationale de l’énergie atomique les a pressés de le faire avant sa prochaine session le 25 novembre.
Encore faut-il que les propos de M. Moussavian ne soient pas invalidés par le régime et que la suspension soit vérifiée par l’AIEA, ce qui, matériellement, ne laisse guère aux Iraniens que jusqu’au 15 novembre environ.
Les Européens doivent retrouver les Iraniens vendredi à Paris pour un troisième tour de négociations. M. Moussavian a jugé celui-ci « crucial ».
« On a eu des indications positives du côté du gouvernement iranien », a déclaré à Bruxelles le ministre des Affaires étrangères néerlandais Bernard Bot, dont le pays assure la présidence tournante de l’Union européenne. Il a espéré un « accord total » avec l’Iran et des avancées le jour même.
« Les négociations continuent et nous espérons aboutir à un résultat positif à la fin », a dit son homologue allemand Joschka Fischer en reconnaissant que c’était « compliqué ».
« Je suis optimiste » quant aux chances de succès des tractations, a déclaré pour sa part le président iranien Mohammad Khatami, assurant que « les deux parties montrent de la souplesse ».
Pour empêcher une saisine risquée du Conseil de sécurité, les Européens offriraient aux Iraniens des assurances quant à l’approvisionnement de la République islamique en combustible nucléaire, une assistance à l’acquisition d’un réacteur de recherche à eau légère, entre autres propositions touchant aussi à la lutte contre le terrorisme ou au commerce.
« C’est du 50-50 », a conjecturé M. Moussavian sur les chances d’un accord.
Il a exigé des Européens des « clarifications » comme préalables à des discussions sur une suspension: « Nous devons clarifier l’offre avant de parler de suspension ».
« Il n’y a aucun engagement clair des Européens, et les engagements doivent être réciproques », a-t-il dit.
Si les Iraniens suspendent, une nouvelle phase de négociations pourrait s’ouvrir après la réunion de l’AIEA.
M. Khatami a réaffirmé que son pays était prêt à « rassurer les Européens et le monde » sur le caractère purement civil de son programme nucléaire.
Mais lui et M. Moussavian ont écarté un renoncement permanent à l’enrichissement. Or c’est précisément ce que veulent les Européens comme garantie de la bonne foi iranienne.
L’Iran serait prêt à suspendre l’enrichissement, pour une durée limitée
-