AFP : 19 novembre – L’Iran produit un dérivé d’uranium pouvant être utilisé à des fins militaires nucléaires, alors que Téhéran s’est engagé à cesser toute activité d’enrichissement à partir de lundi, ont affirmé vendredi des diplomates à l’AFP.
Les Etats-Unis ont appelé la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, qui ont négocié le gel de l’enrichissement de l’uranium avec l’Iran, à envoyer « un message sévère » à l’Iran afin qu’il stoppe sa production de gaz UF6, utilisé pour fabriquer de l’uranium enrichi.
« Nous avons dit aux Européens que nous considérons ceci comme un acte d’une réelle mauvaise foi et qu’ils devaient adresser un message sévère à l’Iran pour qu’ils arrêtent de le faire », a déclaré à l’AFP un responsable américain qui a demandé l’anonymat.
Selon un diplomate occidental, « l’intégralité des 37 tonnes de ‘yellowcake’ (minerai d’uranium) iranien a été introduite dans la structure d’enrichissement d’Ispahan, et un volume indéterminé de gaz UF6 a été produit ».
« Ils ont tout introduit, et ils pensent avoir jusqu’au 22 novembre pour tout transformer », a ajouté cette source proche de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Cette information a été confirmée à l’AFP par d’autres diplomates proches de l’agence onusienne, dont les inspecteurs seront chargés de vérifier à partir de lundi que les activités d’enrichissement d’uranium sont effectivement suspendues, comme l’a promis Téhéran.
L’Iran a consenti dimanche dernier à suspendre tout enrichissement d’uranium à partir du 22 novembre en échange d’une coopération élargie avec l’Union europénne, lors d’un accord avec la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne.
Selon un officiel américain, le négociateur iranien Hossein Moussavian avait assuré que Téhéran ne chercherait pas à convertir son uranium en gaz UF6 entre la date de cet accord et son entrée en application.
« Mais ce n’était qu’une assurance verbale sans valeur », a affirmé cet officiel qui a dénoncé « la mauvaise foi » de l’Iran.
En septembre, un rapport de l’AIEA selon lequel Téhéran cherchait à transformer les 37 tonnes de yellowcake en sa possession à des fins potentiellement militaires avait conduit la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne à entamer des négociations avec l’Iran pour le convaincre de renoncer à toute activité d’enrichissement, alors que les Etats-Unis souhaitaient des sanctions des Nations unies.
L’Iran a indiqué le 14 octobre qu’il avait introduit 22,5 tonnes de yellowcake dans sa structure d’Ispahan, mais qu’aucune quantité de gaz UF6 n’avait été produite, ce qui avait rassuré l’AIEA, a indiqué récemment celle-ci.
Les 37 tonnes de yellowcake, transformées en UF6 puis en uranium hautement enrichi au moyen de centrifugeuses, pourraient permettre la fabrication de quatre à six bombes nucléaires, selon des spécialistes.
Selon Henry Sokolski, chef du Nonproliferation Policy Education Center, un groupe de réflexion et d’expertise basé à Washington, l’Iran n’a pas violé la lettre de l’accord conclu avec les Européens, puisque la fabrication d’UF6 est intervenue avant le 22 novembre.
« C’est humiliant pour les Européens mais c’est légal. Cela montre que l’Iran peut jouer au plus fin avec eux », a-t-il estimé.
Les Etats-Unis ont toujours considéré avec scepticisme les tentatives européennes de parvenir à un accord négocié avec Téhéran et souhaitent que l’AIEA, dont les 35 pays membres du Conseil des gouverneurs se réuniront jeudi à Vienne, défère l’Iran devant le Conseil de sécurité des Nations unies, ce que l’AIEA a refusé jusqu’à présent.
L’Iran affirme pour sa part que son programme d’enrichissement d’uranium est à des fins strictement civiles, et a souligné avoir volontairement accepté de le suspendre afin de démontrer sa bonne volonté.
L’Iran produit de l’uranium pouvant servir à des fins
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