Time, 23 avril Par Elaine Shannon Les Etats-Unis préparent une nouvelle tactique dans le but dexercer des pressions sur lIran vis-à-vis de son programme nucléaire : viser les banques et les sociétés avec qui le pays fait affaire.
Les dirigeants américains mettent en place un plan pour frapper le régime rebelle, en prévision de la fin du délai fixé par le Conseil de Sécurité de lONU cette semaine pour que lIran abandonne ses activités nucléaires et du rapport attendu de Mohamed ElBaradei du gendarme de surveillance nucléaire.
Mais les attaques seront financières, non militaires. Les Etats-Unis et leurs alliés européens demanderont au conseil le mois prochain ladoption dune résolution qui ouvrira la voie pour des sanctions politiques et économiques. Si comme prévu, la Russie et la Chine menacent dun veto ou dun blocage, les USA ont lintention de travailler en dehors du cadre des Nations Unies pour isoler Téhéran «diplomatiquement et économiquement », a déclaré la semaine dernière le sous-secrétaire dEtat américain Nicholas Burns. «Les pays qui font affaire avec lIran devraient commencer à repenser leurs liens commerciaux. »
Parmi les premiers objectifs du plan : les comptes et institutions financières de lIran en Europe. La secrétaire dEtat Condoleezza Rice a rencontré la semaine dernière les ministres des finances de la Grande-Bretagne et de lAllemagne, où selon une étude du ministère des Finances américain, les banques du gouvernement iranien dirigent des filiales qui gèrent les fonds produits par le commerce du pétrole.
Les Etats-Unis désirent que les banques non iraniennes cessent de faciliter la circulation des capitaux de Téhéran. Un haut responsable participant à la mise en place de cette stratégie a déclaré au Time : «Il sagit de convaincre les institutions financières de ne pas faire affaire avec les méchants, car ils sinquiètent pour leur propre réputation ».
LIran a fait basculer certains de ses comptes européens dans les pays du Golfe Persique afin danticiper ces restrictions. Ainsi le sous-secrétaire dEtat Robert Joseph sest rendu dans sept pays au Moyen Orient plus tôt dans le mois pour discuter avec des hauts responsables au sujet de « ce que nous pouvons faire ensemble pour faire entrave aux activités de prolifération », a-t-il dit.
Des restrictions financières « peuvent avoir un effet sur la capacité de lIran à acquérir plus de technologie et de savoir-faire de lextérieur ».
Une campagne de désinvestissement serait une autre mesure possible, similaire à celle utilisée contre lapartheid en Afrique du Sud. Une étude réalisée par Conflict Securities Advisory Group, consultant à Washington engagé par le département dEtat des Etats-Unis, a déterminé que 124 sociétés commerciales européennes avaient des liens avec lIran et que des banques européennes finançaient dimportants projets du secteur de lénergie et des télécoms dans ce pays. Une campagne de désinvestissement serait difficile à réaliser.
Mais les dirigeants américains espèrent que tandis que la conscience de ces sociétés ne les ferait peut-être pas abandonner lIran, la menace dune mauvaise publicité le ferait.
Extrait du numéro du 1er mai 2006 de TIME magazine