AFP : 24 novembre – Les chefs de la diplomatie américaine et iranienne ont signifié qu’il faudrait bien plus qu’un dîner pris en commun à Charm el-Cheikh pour que les deux pays surmontent un quart de siècle d’hostilité.
Colin Powell et Kamal Kharazi se sont retrouvés assis l’un à côté de l’autre lundi à la table dressée pour les participants à la conférence internationale sur l’Irak. Une image d’autant plus rarissime qu’elle a été réservée aux seuls convives. Aucun photographe n’était admis.
De là à spéculer sur une tentative de rapprochement entre le « Grand Satan » et l’un des trois membres de « l’axe du mal », il n’y a qu’un pas. Depuis presque 25 ans que les deux pays ont rompu leurs relations diplomatiques (en avril 1980), c’est ce premier pas qui est le plus attendu et qui coûte le plus à l’un et à l’autre.
Les deux diplomates ont ravalé l’événement à un échange de civilités. Ce sont les hôtes égyptiens qui les ont placés, ont souligné leur délégation.
La conversation « a été polie et agréable, et il n’y a pas lieu d’être discourtois même si parfois vous êtes en désaccord », a dit M. Powell.
« Il n’y a eu aucun dialogue (politique) avec M. Powell », a abondé M. Kharazi, dans le respect des codes de la diplomatie, il y a eu un échange de politesses ».
En particulier, les sujets qui fâchent, les entreprises de déstabilisation en Irak imputées aux Iraniens par les Américains et les activités nucléaires iraniennes, n’ont pas été abordés, a-t-on assuré des deux côtés.
La moindre mise en présence d’Américains et d’Iraniens est interprétée comme le signe possible d’un rapprochement qui à terme pourrait transformer considérablement les relations internationales.
« Rien qu’en un an, vous avez eu l’aide humanitaire américaine pour Bam (ville du sud-est de l’Iran dévastée par un tremblement de terre), la visite du chef de la bibliothèque du Sénat, le dîner de Charm el-Cheikh », relève un diplomate occidental à Téhéran.
« Pour l’instant, cela ne mène pas loin, il semble que les deux attendent que l’autre fasse le premier pas et on peut se demander si l’un des deux est prêt à le faire », note-t-il.
« Les conditions doivent être propices pour que l’on puisse simplement revenir sur 25 ans d’histoire », a dit M. Powell quelques semaines après que la République islamique eut célébré l’anniversaire de la capture de 52 diplomates américains, retenus en otages pendant 444 jours.
En plus, les agissements actuels de l’Iran sont « incompatibles avec ses obligations », a-t-il ajouté, accusant à nouveau la République islamique de travailler secrètement à l’arme atomique et de soutenir le terrorisme international.
« Nous ne pensons pas que les Américains soient prêts à engager un dialogue sincère, car le dialogue doit être basé sur le respect mutuel et tel n’est pas le cas », a répondu M. Kharazi.
Entre l’Iran et les Etats-Unis, il faudra plus qu’un dîner commun
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