AFP, Lappeeranta (Finlande), 1 septembre – L’UE veut donner une chance aux discussions la semaine prochaine entre son chef de la diplomatie Javier Solana et le négociateur iranien sur le nucléaire Ali Larijani, et ne juge « pas raisonnable » dans l’immédiat d’avancer vers des sanctions contre l’Iran.
Alors que les Etats-Unis veulent discuter rapidement avec les autres grandes puissances –Russie, Chine et Grande-Bretagne, France, Allemagne pour l’UE– de sanctions progressives contre Téhéran, Javier Solana a estimé vendredi qu’il n’était « pas raisonnable d’avancer » concrètement sur de telles mesures « pendant la période de discussions » avec les responsables nucléaires iraniens.
Une rencontre entre M. Solana, le haut représentant de l’Union européenne pour la politique extérieure, et le principal négociateur iranien Ali Larijani est prévue « dans les premiers jours de la semaine prochaine », quelque part « en Europe », a confirmé M. Solana, sans préciser la date exacte ni le lieu de cette rencontre.
« Les pays membres du Conseil de sécurité (de l’Onu) peuvent commencer à en parler », mais « d’abord nous nous préparons à voir s’il y a une possibilité de commencer de véritables négociations », a-t-il ajouté, en marge d’une réunion des ministres européens des Affaires étrangères en Finlande.
M. Solana semble ainsi garder espoir que sa réunion de « clarification » avec M. Larijani permette de faire bouger les Iraniens, qui refusent jusqu’ici d’envisager la suspension de leurs activités d’enrichissement d’uranium, conformément à un ultimatum des Nations unies arrivé à échéance jeudi.
Mais « cela ne signifie pas que l’Iran dispose d’une période de temps indéfinie » pour se plier à l’ultimatum du Conseil de sécurité, a assuré M. Solana. « Le temps restant n’est pas indéfini du tout », a-t-il ajouté, sans donner aucun élément précis de calendrier.
Beaucoup d’observateurs occidentaux estiment que les Iraniens ne font que gagner du temps avec ces discussions, et que la communauté internationale a en réalité de moins en moins de moyens de pression face aux ambitions nucléaires de Téhéran.
Les déclarations de M. Solana expliquent en tout cas la prudence observée par les 25 vendredi sur l’opportunité d’infliger des sanctions à Téhéran à ce stade, sujet sur lequel beaucoup de ministres interrogés sont restés très flous.
Beaucoup ont préféré insister sur la nécessité de poursuivre le dialogue avec les Iraniens.
Le ministre finlandais des Affaires étrangères Erkki Tuomioja, dont le pays assume la présidence tournante de l’UE, a ainsi réaffirmé la volonté des Européens de « parler sérieusement » avec les dirigeants iraniens, qui avaient eux-mêmes assuré le 22 août être prêts à des « négociations sérieuses » sur le nucléaire tout en refusant de geler préalablement tout enrichissement.
« La diplomatie européenne est la mieux placée pour avancer », a affirmé M. Tuomioja. « Si leur réponse est réellement qu’ils sont prêts à des négociations, il faut qu’on voie quelles sont les conditions, et si elles peuvent être remplies. »
Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a lui insisté sur la nécessité de maintenir l’unité des grandes puissances sur ce dossier.
« Il ne faut pas laisser le Conseil de sécurité se diviser », a-t-il ajouté.
Washington pousse à l’adoption de sanctions progressives contre l’Iran, et avait indiqué jeudi vouloir avancer dès la prochaine réunion des six grandes puissances le 7 septembre à Berlin.
« L’attitude de défi de l’Iran doit avoir des conséquences et il ne faut pas permettre à l’Iran de fabriquer l’arme nucléaire », avait indiqué jeudi le président américain George W. Bush.
Mais la Russie et la Chine ont toujours été réticentes à des sanctions.
Même si la Russie a officiellement « regretté » vendredi que l’Iran n’ait pas gelé ses travaux d’enrichissement d’uranium au 31 août comme demandé par le Conseil de sécurité, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a implicitement rappelé l’opposition de son pays à de telles mesures.
« Il faut chercher une issue dans un dialogue et non par la voie de l’isolement et de sanctions », a déclaré M. Lavrov dans un discours faisant référence à l’Iran sans le nommer.
Les dirigeants iraniens ont cependant répété que des sanctions n’entameraient pas leur détermination à enrichir de l’uranium.
« Les ennemis doivent savoir que le peuple iranien se tient fermement en défense de son droit et ne cèdera pas d’un iota sur son droit au nucléaire », a déclaré vendredi le président Mahmoud Ahmadinejad, dans un discours public en province, cité par la télévision d’Etat.