La Croix, 14 décembre par Jean-Christophe Ploquin Les négociateurs européens espèrent le vote dune résolution par le Conseil de sécurité de lONU avant la fin de lannée
Les discussions sur lIran sintensifient au Conseil de sécurité des Nations unies. La France et la Grande-Bretagne ont fait circuler lundi dernier une version révisée du projet proposé le 23 octobre. Le texte, qui vise à sanctionner Téhéran pour la poursuite de ses activités nucléaires sensibles, a été amendé pour tenir compte dobjections de la Russie. Il prévoit linterdiction de commercer avec lIran dans les domaines liés à ses programmes nucléaires et balistiques, ainsi quune interdiction de voyager et un gel des avoirs financiers à létranger pour certaines personnalités et entités iraniennes liées à ces programmes.
« Les questions de principe importantes ont été globalement réglées », a commenté mercredi 13 décembre lambassadeur de Russie à lONU, Vitaly Tchourkine, qui a qualifié le texte de « très positif ». Mais Moscou maintient ses réserves sur les sanctions individuelles envisagées. Une liste de douze personnes et onze entités ciblées par ces sanctions est en effet annexée à la résolution.
Il sagit de responsables opérationnels des programmes nucléaires ou balistiques iraniens, ainsi que du chef des Gardiens de la révolution, le général Yahya Rahim Safavi. Or la Russie, qui construit une centrale nucléaire civile à Bouchehr en Iran, veut pouvoir préserver ses relations avec les responsables de la filière atomique.
Une résolution avant Noël ?
Les Occidentaux espèrent ladoption du projet de résolution avant Noël. Plus de trois mois se sont en effet écoulés depuis lexpiration de la date butoir le 31 août fixée à lIran pour suspendre lenrichissement duranium sous peine de sanctions. Les trois pays européens qui assument la direction des négociations, la France, la Grande-Bretagne et lAllemagne, souhaitent par ailleurs que la résolution soit adoptée à lunanimité du Conseil de sécurité, pour présenter un front uni à Téhéran.
Cette unanimité serait dautant plus notable que Moscou, Washington ou Pékin ont des stratégies différentes. La Russie ne souhaite pas dune nouvelle puissance nucléaire à ses frontières mais semble considérer quil faut déjà se préparer à cette perspective et faire en sorte que les autorités iraniennes adoptent une attitude responsable. Les Européens veulent croire que la diplomatie et les sanctions peuvent enrayer la marche de Téhéran vers la bombe atomique. Quant aux États-Unis, ils sont en plein débat. Le rapport récemment rendu par lancien secrétaire dÉtat James Baker recommande dassocier lIran à la stabilisation de lIrak. Mais le président George W. Bush et la secrétaire dÉtat Condoleezza Rice semblent très réticents. Et des voix continuent à se faire entendre à Washington en faveur dun changement de régime à Téhéran.
Au Moyen-Orient, les régimes arabes semblent tétanisés par lascendant pris par Téhéran sur les populations de la région. Le discours de haine de Mahmoud Ahmadinejad envers Israël rencontre un écho profond dans des opinions pour qui lÉtat hébreu est dabord une force occupante dans les Territoires palestiniens. LIran impose ainsi son tempo et contraint ses voisins à la solidarité sur son programme nucléaire. En revanche, son soutien à la cause chiite, notamment en Irak et au Liban, le place en travers de pays comme lÉgypte ou lArabie saoudite.