AFP, Vienne, 2 février – L’Iran empêche des inspecteurs de l’AIEA d’installer des caméras de surveillance dans une installation nucléaire où Téhéran veut placer 3.000 centrifugeuses pour enrichir de l’uranium à l’échelle industrielle, ont indiqué jeudi des diplomates à l’AFP à Vienne.
Des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), une agence de l’ONU qui a son siège à Vienne, se trouvent actuellement à l’installation nucléaire de Natanz (centre de l’Iran), où un site souterrain est en voie de construction.
Les Iraniens n’autorisent pas « l’installation par l’AIEA de caméras à l’intérieur des salles (souterraines) des cascades de centrifugeuses à Natanz et causent d’autres retards dans l’activité des inspecteurs », a déclaré à l’AFP un diplomate qui suit de près le travail de surveillance de l’AIEA.
Ce dernier développement dans la crise avec l’Iran, suspecté de développer secrètement la bombe atomique, survient alors que la République islamique est sous le coup de sanctions de l’ONU qui veut obliger Téhéran à arrêter l’enrichissement d’uranium en cours.
Les centrifugeuses produisent de l’uranium enrichi, qui peut servir de combustible pour les réacteurs nucléaires civils mais aussi être utilisé à des fins militaires, pour fabriquer des bombes atomiques.
Les Iraniens avaient annoncé qu’ils installeraient sur le site souterrain de Natanz des séries (ou cascades) de centrifugeuses pour enrichir de l’uranium.
Dans une installation iranienne située en surface fonctionnent d’ores et déjà deux cascades de 164 centrifugeuses chacune. Celles-ci sont sous surveillance de l’AIEA, à l’aide de caméras et de visites d’inspecteurs.
Aux termes du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), signé par l’Iran, l’AIEA est également autorisée à surveiller les installations souterraines.
« Les Iraniens ne sont actuellement disposés à accepter l’installation de caméras qu’à l’extérieur des salles où se trouvent les cascades, ce qui ne permet pas à l’AIEA de surveiller l’ensemble du processus d’enrichissement d’uranium », a déclaré le diplomate, qui a requis l’anonymat.
« De cette manière, l’AIEA ne sera en mesure de voir que les caisses qui sont transportées à l’intérieur de la salle et les allées et venues des ouvriers », a-t-il dit.
L’enrichissement d’uranium se poursuivra ainsi « de manière ininterrompue et sans surveillance de la communauté internationale », a déclaré le diplomate.
Deux autres diplomates ont confirmé l’impasse.
« Si c’est vrai, cela démontre que le gouvernement iranien continue à ne pas prendre en compte la volonté de la communauté internationale et des Nations unies », a estimé Gordon Johndroe, porte-parole du conseiller à la Sécurité nationale Stephan Hadley, contacté par l’AFP.
La porte-parole de l’AIEA, Melissa Fleming, a refusé tout commentaire.
L’AIEA enquête depuis 2003 sur le nucléaire iranien après des révélations selon lesquelles Téhéran a caché des activités nucléaires sensibles pendant 18 ans.
Mais l’agence onusienne n’a pas été en mesure de terminer son enquête en raison « du manque de coopération » affiché, selon elle, par l’Iran.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté en décembre une résolution qui impose des sanctions économiques à l’Iran en raison du refus de Téhéran d’arrêter l’enrichissement d’uranium.