Reuters, 5 mars – L’incapacité persistante de l’Iran à dissiper les doutes sur la nature pacifique de son programme nucléaire, après l’avoir dissimulé pendant quasiment 20 ans, contribue à isoler ce pays de la communauté internationale, a déclaré lundi le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’Energie atomique.
« La procédure de vérification au sujet de l’Iran est sui generis », a déclaré Mohamed ElBaradeï, en ouverture d’une session du Conseil des gouverneurs de l’AIEA.
« Contrairement à d’autres procédures de vérification, la confiance de l’AIEA dans la nature du programme de l’Iran a été ébranlée par deux décennies d’activités non déclarées », a-t-il ajouté en allusion à la révélation en 2003 du programme nucléaire iranien.
« Cette confiance ne sera restaurée que lorsque l’Iran prendra la décision attendue de longue date d’expliquer et de répondre, de manière ouverte et transparente, à toutes les questions et à toutes les inquiétudes de l’agence au sujet de ses activités nucléaires passées. »
Les Etats-Unis accusent l’Iran de chercher à se doter d’un arsenal nucléaire militaire sous le couvert d’un programme civil, ce que dément Téhéran.
DES « INCONNUES DEMEURENT »
L’Iran se plaint de ne pas être traité comme n’importe quel autre pays et insiste à cet égard sur l’absence d’éléments prouvant l’existence d’un programme militaire clandestin.
« Nous n’avons pas découvert de preuve manifeste d’un détournement de substance nucléaire, ni de capacité industrielle de production de substance nucléaire susceptible de servir des objectifs militaires, ce qui constitue un élément important dans l’évaluation du risque », a reconnu ElBaradeï.
« Mais un certain nombre d’inconnues demeurent quant aux expériences, aux acquisitions et à d’autres activités », a-t-il toutefois ajouté. Le Conseil de sécurité de l’Onu a imposé le 23 décembre à l’Iran des sanctions pour la poursuite de son programme nucléaire.
Six grandes puissances négocient désormais une extension de ces sanctions en raison de la poursuite par Téhéran de ses activités d’enrichissement d’uranium au-delà de l’ultimatum fixé au 21 février par l’Onu. L’émissaire iranien auprès de l’AIEA, Ali Asghar Soltanieh, a déclaré que l’Iran était prêt à régler les questions en suspens « si notre dossier nucléaire revient à l’AIEA, où il trouve sa place ».
Lors de cette session de quatre jours à l’AIEA, les 35 membres du Conseil des gouverneurs devraient approuver une suspension partielle de l’aide technique apportée par l’agence au programme iranien. Vingt-deux des 55 projets de l’AIEA en Iran sont concernés par cette mesure, conformément à l’interdiction, contenue dans la résolution 1737 du 23 décembre, de tout transfert de technologie et de savoir-faire nucléaire à destination de l’Iran.