AFP, Téhéran, 15 mars – Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré jeudi que le Conseil de sécurité de l’ONU n’avait « aucune légitimité » pour imposer ses vues à l’Iran sur son programme nucléaire, assurant que Téhéran ne craignait pas de nouvelles sanctions économiques.
« Aujourd’hui, les ennemis du peuple iranien veulent utiliser le Conseil de sécurité pour empêcher le progrès et le développement de l’Iran mais le Conseil de sécurité n’a aucune légitimité parmi les peuples du monde », a déclaré M. Ahmadinejad, lors d’un discours dans la province de Yazd (centre) où il se trouve en déplacement.
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) et l’Allemagne sont parvenus à un accord sur un projet de résolution prévoyant de nouvelles sanctions contre l’Iran pour son refus de suspendre ses activités nucléaires sensibles, a annoncé jeudi l’ambassadeur de Russie à l’ONU, Vitaly Tchourkine.
Son homologue britannique, Emyr Jones Parry, a confirmé l’existence d’un accord et indiqué qu’il entendait soumettre un texte au nom des Six lors d’une séance de consultations du Conseil de sécurité prévue à 11H00 (16H00 GMT).
« Que cherchez vous? Le peuple iranien dispose déjà du cycle du combustible nucléaire. Si vous tous vous vous rassemblez et que vous faites venir de l’enfer vos ancêtres, vous ne pourrez pas empêcher la marche du peuple iranien vers le progrès », a ajouté le président iranien.
Malgré la résolution 1737 du Conseil de sécurité, adoptée le 23 décembre dernier, l’Iran refuse de suspendre son programme d’enrichissement d’uranium.
Les grandes puissances soupçonnent l’Iran de vouloir utiliser ce programme à des fins militaires mais Téhéran soutient que son programme d’enrichissement est exclusivement pacifique et vise seulement à produire du combustible pour ses futures centrales nucléaires.
M. Ahmadinejad a déclaré que son pays ne craignait pas de nouvelles sanctions décidées par le Conseil de sécurité.
« Ils (Occidentaux) disent qu’ils vont nous imposer des sanctions économiques. Nous leur disons que cela fait 27 ans que nous subissons des sanctions », a-t-il dit.
« Vous nous avez imposez des sanctions et nous sommes devenus un pays nucléaire. Imposez nous des sanctions économiques et vous allez voir ce qui arrivera », a-t-il averti.
Les responsables iraniens semblent avoir opté pour une ligne dure en rejetant par avance la nouvelle résolution du Conseil.
« Une nouvelle résolution sera probablement adoptée avec des sanctions plus étendues », a déclaré Ali Akbar Velayati, ancien ministre des Affaires étrangères et actuel conseiller du guide suprême pour les Affaires internationales, cité par la presse.
« Cette résolution aura surtout un effet politique et psychologique (…) », a-t-il ajouté.
Il a précisé que l’Iran n’entendait pas « refaire l’expérience de la suspension de ses activités d’enrichissement d’uranium ».
Téhéran a suspendu pendant deux ans et demi ses activités d’enrichissement d’uranium avant de les reprendre début 2006.
Car pour M. Velayati « les Etats-Unis ne se contenteront pas de la suspension et évoqueront ensuite d’autres questions comme celle de l’Irak, de la Palestine et du Liban ».
Les Six discutent depuis dix jours sur un paquet de mesures renforçant les sanctions déjà prises en décembre contre l’Iran.
Les mesures envisagées consistent en un embargo sur les armes et des restrictions financières et commerciales à l’égard de l’Iran, ainsi que sur les voyages de certaines personnalités iraniennes liées au programme nucléaire.
Le texte doit, comme la résolution 1737, invoquer l’article 41 de la Charte de l’ONU, qui autorise des sanctions économiques et commerciales mais exclut l’usage de la force.