Le Monde, 21 mars – L’ambassadeur de Russie à l’ONU, Vitaly Churkin, a démenti, mardi 20 mars, une information parue le même jour dans le New York Times, selon laquelle Moscou avait lancé un ultimatum à l’Iran à cause de son refus de suspendre son programme d’enrichissement d’uranium, comme l’exigent les Nations unies.
M. Churkin a soutenu qu’il s’agissait d’une « fausse nouvelle. » Il a insisté : « Il n’y a eu aucune sorte d’ultimatum imposé par la Russie à l’Iran. [… »> Notre marché avec les Iraniens est sur la bonne voie. »
D’après le New York Times, qui cite des sources diplomatiques américaines, iraniennes et européennes s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, la Russie refuserait de livrer du combustible nucléaire à l’Iran pour sa centrale nucléaire pratiquement achevée de Bouchehr, si Téhéran ne suspendait pas son programme d’enrichissement d’uranium.
Le chantier de cette centrale, auquel participent les Russes, a pris du retard après que Moscou a annoncé, fin février, son intention de ralentir sa coopération avec l’Iran au nom de retards de paiements. Mais au même moment, le ministre des affaires étrangères russes, Sergueï Lavrov, confiait à des diplomates européens que le geste de Moscou était avant tout politique.
« LES RUSSES NE VEULENT PAS D’UN IRAN NUCLÉAIRE »
Selon l’édition du 20 mars du quotidien new-yorkais, l’ultimatum aurait été posé la semaine passée à Moscou par le secrétaire du Conseil de sécurité national russe, Igor Ivanov, et transmis à Ali Hosseini Tash, numéro deux de l’équipe de négociateurs iraniens.
Téhéran dément vigoureusement l’existence d’un embargo. Cependant, dans le New York Times, un haut responsable iranien confirme que la Russie a informé l’Iran que les livraisons de combustible ne reprendraient que si Téhéran suspendait l’enrichissement d’uranium.
Depuis plusieurs mois, l’administration américaine insiste, sans succès, auprès de Vladimir Poutine pour que Moscou cesse de soutenir le projet de Bouchehr la première tentative iranienne de produire de l’énergie nucléaire et un projet très rentable pour la Russie.
Ultimatum ou retard de paiements ? Les motivations russes restent donc floues, une situation que résume un responsable de l’administration américaine dans les colonnes du New York Times : « Nous ne savons pas quelles parts respectives jouent ici le commercial et le politique, mais, clairement, la tension monte entre les Russes et les Iraniens. Et ce n’est pas plus mal. » Plus optimiste, un diplomate européen estime, lui, que « nos désaccords avec les Russes sur les dangers d’un Iran nucléarisé sont tactiques. Fondamentalement, les Russes ne veulent pas d’un Iran nucléaire ».