The Associated Press, 24 mai – Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Mohamed El-Baradeï s’est déclaré d’accord avec les estimations des services de renseignement américains selon lesquels l’Iran disposera de l’arme nucléaire d’ici trois à huit ans. Il a appelé les Etats-Unis et les autres membres du Conseil de sécurité de l’ONU à laisser de côté la « rhétorique » et engager le dialogue avec Téhéran.
L’Iran est en train de « bâtir capacités et connaissances » dans le domaine de l’armement nucléaire, sans que l’AIEA « puisse vérifier la nature ou l’ampleur de ce programme », a déclaré M. El-Baradeï au cours d’une conférence de presse à Luxembourg.
L’Iran, a annoncé mercredi l’agence onusienne, continue à défier le Conseil de sécurité de l’ONU en refusant de geler son programme d’enrichissement d’uranium. Téhéran, qui était sommé de se plier à cette exigence d’ici jeudi, s’expose ainsi à de nouvelles sanctions.
M. El-Baradeï a réaffirmé « être d’accord » avec les estimations de la CIA selon lesquelles l’Iran ne devrait pas disposer d’armes nucléaires avant « la fin de cette décennie ou au milieu de la prochaine », soit d’ici trois à huit ans. D’ici là, pour convaincre l’Iran d’y renoncer, le directeur général de l’AIEA préconise de « s’asseoir ensemble » à la table des négociations « plutôt que de continuer la rhétorique ».
Selon lui, les Etats-Unis pourraient s’inspirer des négociations qui ont récemment permis de désamorcer la crise concernant les activités nord-coréennes. M. El-Baradeï s’exprimait à l’issue d’une conférence d’experts en armements nucléaires.
A Téhéran, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a souligné la volonté iranienne de poursuivre son programme nucléaire.
Pour le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, « il est encore temps pour l’Iran de suspendre ses activités liées à l’enrichissement. Sinon, comme le prévoit la résolution 1747, nous n’aurons d’autre choix que d’aller de l’avant au Conseil de sécurité ».
« Si tel devait être le cas, je souhaite que nous puissions adopter rapidement de nouvelles sanctions, qui manifestent à l’Iran que la voie qu’il a choisie est inacceptable, et ne le mènera que vers un isolement croissant », a-t-il expliqué dans un communiqué publié par le Quai d’Orsay. Le ministre compte notamment évoquer cette question lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G8 à Berlin, la semaine prochaine.