AFP, Vienne, 11 septembre – Le directeur de l’AIEA, Mohamed ElBaradei, est sorti mardi après-midi du Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour protester contre le manque de soutien de l’UE sur l’Iran, selon des sources diplomatiques.
« Il a quitté la salle parce que l’Union européenne n’appuie pas » son calendrier conclu le mois dernier avec Téhéran visant à éclaircir d’ici à la fin de l’année la nature du programme nucléaire iranien, a déclaré un diplomate à l’AFP.
M. ElBaradei avait présenté lundi aux 35 Etats du Conseil des gouverneurs un plan de travail prévoyant un calendrier pour que Téhéran explique la nature de son programme nucléaire iranien controversé.
« Les Européens ont fait une déclaration négative et le directeur général a quitté la salle », a indiqué un autre diplomate, en estimant que le Prix Nobel de la paix avait pris ces remarques comme une critique personnelle.
Le discours lu par l’ambassadeur du Portugal, pays assurant la présidence de l’UE, ne mentionne que brièvement l’accord Iran-AIEA sans lui donner le soutien diplomatique escompté par M. ElBaradei.
L’ambassadeur Joaquim Duarte a surtout dénoncé les manquements de l’Iran par rapports aux injonctions du Conseil de sécurité de l’ONU.
Depuis le précédent rapport de M. ElBaradei en mai dernier, « l’Iran a encore accru ses capacités d’enrichissement », a-t-il dit.
Les pays occidentaux, qui soupçonnent l’Iran de visées militaires, redoutent que l’Iran ne cherche maintenant à faire avancer ses activités et à éviter jusqu’à la fin de l’année une troisième série de sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU pour son refus de suspendre l’enrichissement de l’uranium.
Dans son rapport lundi, M. ElBaradei avait lui aussi déploré que l’Iran poursuive ses activités, en notant que Téhéran exploitait près de 2.000 centrifugeuses d’enrichissement début août à Natanz (centre).
Ce chiffre, révisé depuis à la hausse par Téhéran, est inférieur au seuil de 3.000 centrifugeuses pouvant permettre le cas échéant de produire en moins d’un an suffisamment d’uranium hautement enrichi pour fabriquer une bombe atomique.
Le directeur de l’AIEA demande un peu de temps pour vérifier les activités des Iraniens et affirme ne pas avoir de preuve qu’ils cherchent à fabriquer l’arme nucléaire.
Au nom des pays non-alignés, l’ambassadeur de Cuba, Norma Miguelina Goicochea Estenoz, a pour sa part accordé « sa pleine confiance » à la direction de l’AIEA et à « son impartialité », en saluant les efforts de M. ElBaradei sur le dossier iranien.
La porte-parole de l’AIEA, Melissa Fleming, s’est refusée à tout commentaire.