LEMONDE.FR, 20 octobre – Ali Larijani, négociateur iranien en chef sur le dossier nucléaire et principal interlocuteur des Occidentaux sur le sujet, a démissionné de son poste samedi 20 octobre. Il s’agit d’un signe que l’Iran devrait continuer à se montrer intraitable concernant son programme d’enrichissement de l’uranium, selon plusieurs analystes.
Ce départ-surprise de Larijani le pragmatique intervient alors que les Occidentaux, Américains en tête, cherchent à accentuer leurs pressions sur Téhéran, malgré l’hostilité de la Russie et de la Chine.
Saeed Jalili, vice-ministre des Affaires étrangères chargé des relations avec l’Union européenne et les Etats-Unis, succède à M. Larijani, a annoncé le porte-parole du gouvernement iranien.
Un analyste iranien politiquement modéré, Mohamad Sadegh Al-Hosseini, explique : « Il semble qu’il s’agisse d’un pas vers la consolidation du camp d’Ahmadinejad, et d’une façon de fermer la porte à tout soupçon de divisions internes. » Pour M. Sadegh Al-Hosseini, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a réussi à écarter un concurrent potentiel pour les prochaines échéances électorales. « Ce geste d’Ahmadinejad vise à consolider son camp dans la perspective des futures élections législative [mars 2008″> et présidentielle [2009″> », dit-il. MM. Larijani et Ahmadinejad étaient concurrents à la présidentielle de 2005.
« AUCUNE MARGE DE MANUVRE »
Selon des responsables européens, Larijani éprouvait depuis longtemps des difficultés à faire adhérer l' »establishement » iranien à sa tactique de négociation. »La démission de Larijani montrera que la ligne dure de défi suivie par l’Iran va se poursuivre, et qu’un changement de la position de Téhéran est peu probable », avance un analyste iranien sous couvert de l’anonymat. Selon ce dernier, M. Larijani a peut-être jeté l’éponge parce qu’il n’avait plus rien à offrir à Solana. « Le président Ahmadinejad ne laissait plus aucune marge de manoeuvre et de négociations à Larijani », explique-t-il.
Le diplomate Saïd Jalili, successeur d’Ali Larijani comme responsable du nucléaire iranien, est une étoile montante du régime. Il est considéré comme un proche du président Mahmoud Ahmadinejad et qui a déjà participé à nombre de réunions avec les Occidentaux sur le dossier.
Les grandes puissances ont convenu de repousser à novembre la prise de nouvelles sanctions contre Téhéran. Elles souhaitent voir si l’accord passé entre l’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur les intentions des Iraniens portera des fruits et attendre un rapport du chef de la diplomatie européenne.