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Nucléaire iranien: les renseignements américains affaiblissent la position de Washington

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The Associated Press, 5 décembre – La nouvelle évaluation du renseignement américain sur l’Iran prive George W. Bush d’une bonne partie de sa capacité à faire pression sur Téhéran ou à convaincre la communauté internationale de le suivre, à tel point que le chef de la diplomatie russe est allé jusqu’à s’interroger mercredi sur l’existence même d’un programme nucléaire militaire iranien.
Dans un premier temps, Washington risque de voir s’éloigner la perspective d’une nouvelle vague de sanctions économiques décidées par le Conseil de sécurité des Nations unies, au moment où un accord sur un projet de résolution semblait plus proche.
La Chine et la Russie peuvent en effet se voir renforcées dans leurs réticences par les conclusions, rendues publiques lundi, du nouveau rapport NIE (National Intelligence Estimates, évaluation du renseignement) selon lesquelles l’Iran aurait arrêté son programme nucléaire militaire à l’automne 2003. Ce rapport a « changé » les choses, a commenté l’ambassadeur chinois auprès de l’ONU Wang Guangya, « les membres du Conseil (de sécurité) vont devoir considérer cela ».
Mercredi, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’est pour sa part interrogé ouvertement sur l’existence même du programme d’armement nucléaire, jamais prouvé « avec certitude ».
« Après ça », a réagi l’ancien chef de l’AIEA Hans Blix, « on ne peut pas avoir d’action armée contre l’Iran dans les prochaines années ».

Pour Mahmoud Ahmadinejad, le rapport NIE est « une déclaration de victoire » et « un coup fatal pour ceux qui, au cours des dernières années, ont répandu la menace et l’inquiétude dans le monde à coup de mensonges sur des armes nucléaires ». Et le porte-parole des Affaires étrangères, Mohammad Ali Hosseini, d’ajouter que « l’Iran n’a jamais développé de programme d’armes nucléaires (…) Les activités nucléaires de l’Iran sont à but pacifique depuis le début ».

Il « donne en quelque sorte raison à l’Iran, en disant qu’ils n’ont pas développé un programme d’armement, au moins ces dernières années », a reconnu mercredi à Brasilia le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique Mohamed El-Baradeï, qui a accueilli le rapport avec un « soupir de soulagement » car il concorde avec les conclusions de l’AIEA.

Pourtant, Washington maintient que l’Iran constitue toujours une menace qui doit être combattue. La note du renseignement américain observe que le régime iranien continue d’enrichir de l’uranium, ce qui selon de hauts responsables américains veut dire qu’il sera capable de développer une arme nucléaire d’ici 2010 à 2015.

L’objectif reste de forcer Téhéran à suspendre ses activités nucléaires suspectes, et surtout l’enrichissement d’uranium, qui peut avoir des débouchés civils mais aussi militaires. « Les Iraniens ont un choix stratégique à faire », a estimé mercredi le président américain George Bush. « Ils peuvent avouer à la communauté internationale l’étendue de leurs activités nucléaires et accepter pleinement la proposition de suspendre leur programme d’enrichissement pour rejoindre la table des négociations, ou ils peuvent continuer sur la voie de l’isolement ».

Selon la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, « l’administration (américaine) est persuadée que le régime iranien reste un régime problématique et dangereux ». Son adjoint Nicholas Burns a lui assuré que les Etats-Unis continueront à presser le Conseil de sécurité d’adopter une troisième résolution renforçant les sanctions économiques actuelles. La ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni a abondé dans ce sens, demandant des sanctions « plus larges (et) plus efficaces ».

Mais les négociations devront désormais se dérouler aussi sur le plan économique, un domaine sur lequel les Etats-Unis ne sont pas les mieux placés: ils n’ont quasiment aucun lien financier ou commercial avec l’Iran depuis la révolution islamique de 1979 et ont donc peu d’arguments à leur disposition.

Quant à l’éventualité d’une intervention militaire à court terme, que Washington agitait depuis plusieurs années, elle semble totalement écartée, même si George W. Bush assurait mardi que « toutes les options » devaient rester sur la table. « Il serait incroyablement difficile de justifier auprès de l’opinion nationale (américaine) ou internationale qu’une telle mesure est, même vaguement, nécessaire » dans ces conditions, tranche Paul Pillar, un ancien spécialiste de la CIA qui a rédigé les précédents rapports des renseignements américains sur l’Iran. AP

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