Reuters, Vienne, 13 janvier – L’Iran a convenu d’apporter d’ici un mois les éclaircissements nécessaires sur ses activités nucléaires passées, a annoncé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en résumant les entretiens de son directeur général, Mohamed ElBaradeï, à Téhéran.
Dans un communiqué publié au retour à Vienne d’ElBaradeï, l’agence précise également que les responsables iraniens lui ont donné des informations sur leurs travaux visant à mettre au point une centrifugeuse perfectionnée capable d’enrichir l’uranium à un rythme accéléré.
ElBaradeï s’est entretenu pendant deux jours avec les plus hauts dirigeants iraniens, dont le guide suprême de la Révolution, l’ayatollah Ali Khameneï, qu’il rencontrait pour la première fois.
Le directeur de l’AIEA s’emploie à résoudre par le dialogue la confrontation entre l’Iran et les puissances occidentales qui l’accusent de chercher à fabriquer l’arme atomique, ce que Téhéran dément.
En août, l’Iran a accepté, après des années de refus et deux volées de sanctions votées par le Conseil de sécurité des Nations unies, d’apporter des éclaircissements sur ses activités nucléaires passées, un processus baptisé « plan de travail ».
Mais Téhéran n’a pas répondu à toutes les questions sur son programme avant la fin de l’année 2007, comme le souhaitait ElBaradeï.
D’après le communiqué de l’AIEA, « un accord a été conclu sur un calendrier de vérification de toutes les questions en suspens qui sont spécifiées dans le plan de travail. Selon ce calendrier, la mise en oeuvre (…) doit être achevée dans les quatre semaines à venir. »
LEVER TOUTES LES AMBIGUITES
Un diplomate proche de l’agence a indiqué que l’enquête de l’AIEA était entrée dans sa dernière étape, l’Iran acceptant de répondre à des informations fournies par les Américains aux inspecteurs de l’Onu à propos de tentatives passées de « militariser » son matériel atomique.
« L’Iran est prêt à lever toutes les ambiguïtés persistantes d’ici mars », a assuré pour sa part le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Mohamad ali Hosseini.
C’est en mars, lors d’une réunion programmée du 3 au 7, que Mohamed ElBaradeï doit présenter un nouveau rapport sur l’Iran au conseil des gouverneurs de l’AIEA.
Les diplomates occidentaux disent craindre que l’Iran ne cherche plus à appliquer le « plan de travail » conclu avec l’AIEA en raison de la publication du rapport de synthèse des agences de renseignement américaines, qui conclut que Téhéran a gelé un programme nucléaire militaire en 2003.
Le rapport souligne néanmoins aussi que le pays continue à mener des activités d’enrichissement de l’uranium qui pourraient être éventuellement employées à des fins militaires.
Lors de sa visite, ElBaradeï a tenté de convaincre l’Iran de la nécessité d’autoriser des inspections plus poussées de l’AIEA et d’accepter d’autres mesures réclamées par le Conseil de sécurité afin de prouver que son programme d’enrichissement, comme il l’affirme, ne sert que des objectifs civils de production d’électricité.
« L’Iran a aussi fourni des informations sur des activités de recherche et développement concernant une nouvelle génération de centrifugeuses », a précisé l’AIEA. Ces centrifugeuses sont développées sur des sites auxquels les inspecteurs de l’agence n’ont pas accès.
A Washington, un porte-parole de la Maison blanche, Gordon Johndroe, a réagi de manière dubitative. « Répondre aux questions sur leurs activités nucléaires passées est une étape, mais il leur (les Iraniens) faut toujours suspendre leurs activités d’enrichissement et de retraitement. Parler ne remplace pas le respect des sanctions prises par l’Onu », a-t-il dit.
Un diplomate de l’Union européenne a jugé le résultat « décevant ». « On nous avait dit que ces questions seraient réglées d’ici novembre, puis décembre, et maintenant on nous dit à un moment donné en février », a-t-il dit en estimant que rien ne justifiait un nouveau retard.