AFP, Paris, 20 mars – Le président français Nicolas Sarkozy a appelé les pays européens à engager un « dialogue » sur le rôle de la force nucléaire française face à des pays comme l’Iran qui « accroît la portée » de ses missiles et menace la sécurité de l’Europe.
« Chacun doit être conscient aujourd’hui que les missiles nucléaires de puissance même lointaine, peuvent atteindre l’Europe en moins d’une demi-heure », a déclaré M. Sarkozy lors d’un discours à l’occasion de la présentation d’un nouveau sous-marin nucléaire à Cherbourg (ouest).
« Aujourd’hui, seules les grandes puissances disposent de tels moyens. Mais d’autres pays en Asie ou au Moyen-Orient développent à marche forcée des capacités balistiques », a-t-il ajouté.
« Je pense en particulier à l’Iran », qui « accroît la portée de ses missiles alors que de graves soupçons pèsent sur son programme nucléaire », a dit M. Sarkozy.
« C’est bien la sécurité de l’Europe qui est en jeu », a-t-il souligné.
« S’agissant de l’Europe, c’est un fait, les forces nucléaires françaises par leur seule existence sont un élément clé de sa sécurité », a déclaré le chef de l’Etat qui est en France le chef des armées et auquel revient la décision finale « d’appuyer » sur le bouton nucléaire.
« Tirons-en ensemble toutes les conséquences logiques: je propose d’engager avec ceux de nos partenaires européens qui le souhaiteraient un dialogue ouvert sur le rôle de la dissuasion et sa contribution à notre sécurité commune », a-t-il poursuivi.
M. Sarkozy a qualifié cette proposition « d’expression naturelle de notre union toujours plus étroite » avec les Européens.
M. Sarkozy a également proposé plusieurs initiatives en faveur du désarmement.
Il a annoncé une réduction d’un tiers du « nombre d’armes nucléaires de missiles et d’avions » de la France.
« Après cette réduction, notre arsenal comprendra moins de 300 têtes nucléaires. C’est la moitié du nombre maximum de têtes que nous ayons eu pendant la guerre froide », a-t-il dit.
M. Sarkozy a proposé l’ouverture immédiate « de négociations sur un traité d’interdiction des missiles sol-sol de portée courte et intermédiaire ».
En outre, M. Sarkozy a proposé des négociations sur un traité d’interdiction de production de matières fissiles pour les armes nucléaires et un moratoire immédiat sur cette production.
Les Etats-Unis avaient déposé en mai 2006 une proposition de traité semblable devant la Conférence du désarmement des Nations unies à Genève.
Paris avait à l’époque apporté son soutien à ce projet, qui n’a cependant pas trouvé de traduction concrète.
La France a déjà arrêté la production de matières fissiles car elle a déjà des stocks importants et n’en a plus besoin pour plusieurs dizaines d’années, selon le chercheur Bruno Tertrais, de la Fondation pour la recherche stratégique.
Se plaçant à l’horizon 2010, date de la révision du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), Nicolas Sarkozy a rappelé les pays qui ont signé le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, mais ne l’ont pas encore ratifié, à le faire, citant « la Chine et les Etats-Unis ».
Il a souligné que la dissuasion nucléaire, bien qu’onéreuse, devait être maintenue car elle est « l’assurance-vie de la nation ».
M. Sarkozy a exclu « absolument de baisser la garde » et de réduire le budget français de la Défense malgré la situation financière difficile de la France et les exigences européennes en matière de déficits publics.