AFP, Paris, 3 février LIran a acquis les matériaux et l’expertise pour fabriquer un système de déclenchement de la bombe atomique, se rapprochant davantage de son objectif de se doter darmes nucléaires avant la fin de lannée, a déclaré le principal groupe dopposition iranien à Paris jeudi.
Citant des sources secrètes au sein du programme de développement nucléaire iranien, le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) a affirmé que Téhéran a produit ou fait venir de l’étranger des quantités de polonium 210 et de béryllium deux éléments nécessaires à la fabrication dun « initiateur à neutrons ».
Il a également développé la technologie pour construire une « générateur de neutrons » qui est une autre partie de linitiateur à neutron, a dit le CNRI.
Un initiateur à neutrons déclenche la réaction en chaîne qui conduit à la fission nucléaire. Il constitue avec le combustible nucléaire et le système de lancement les parties essentielles dune bombe atomique.
« Téhéran a déjà réussi à utiliser le béryllium combiné à du polonium 210 à des fins d’essais en laboratoire à grande échelle, et il est très proche de la production industrielle », a précisé Mohammad Mohadessine, le président de la commission des affaires étrangères du CNRI, lors dune conférence de presse.
Ces derniers mois le CNRI a apporté des preuves visant à montrer que la république islamique est bien avancée dans sa production de combustible duranium enrichi et dans le développement dun missile capable de porter des ogives nucléaires.
« Toutes ces activités ont été dissimulées à lAgence internationale de lénergie atomique (AIEA) Cela reflète les efforts incessants pour se doter de larme nucléaire Téhéran avance vers des étapes sensibles dans sa quête de la bombe atomique », a dit Mohadessine.
En septembre le CNRI avait affirmé que Téhéran espérait obtenir une bombe atomique « dans la première moitié de 2005 ».
Après de longues négociations avec l’Union européenne, le gouvernement iranien a accepté en novembre de suspendre son programme denrichissement de luranium. Téhéran dit que le programme à un but civil, mais les Etats-Unis suspectent lIran de chercher à fabriquer des armes nucléaires.
Basé dans la banlieue nord de Paris, le CNRI est la façade politique des Moudjahidin du peuple dIran (OMPI), qui ont été taxés de terroristes par les Américains et lUnion européenne. Le CNRI conteste cette marque, dont il dit quelle a été imposée par des gouvernements recherchant les faveurs de Téhéran.
Mohadessine a cité les noms de hauts responsables du ministère de la défense iranien et de lagence de lénergie atomique dIran, comme Seyyed Ali Hosseini Tach « le responsable chargé de la production darmes de destruction massive ».
En 2004 lIran a secrètement importé 20 kilogrammes de béryllium dun pays étranger, et il en possède désormais suffisamment pour « produire des initiateurs pour une dizaine de bombes atomiques », a ajouté Mohadessine. Il a refusé de nommer le pays fournisseur mais a dit que toutes les informations avaient été transmises à l’AIEA et aux gouvernements intéressés.
Le béryllium a été importé par une compagnie écran nommée Sanat Gostar Majd qui a été créée « pour justifier des révélations éventuelles et des enquêtes de lAIEA et donner crédit aux allégations (du gouvernement) comme quoi il travaille à des fins pacifiques », a dit Mohadessine.
Le polonium 210 est produit en irradiant du bismuth, dit le CNRI. « Téhéran a menti à lAIEA en disant quil ne produisait plus de polonium 210 depuis les douze dernières années », a souligné Mohadessine.
Le CNRI a présenté des cartes montrant un complexe nommé Lavisan 2, situé dans une zone militaire à environ 25 km au nord-ouest du centre de Téhéran.
Daprès Mohadessine, Lavisan 2 est utilisé par le gouvernement iranien pour produire le béryllium nécessaire aux initiateurs nucléaires, mais aussi pour enrichir de luranium pour les ogives « par la technologie du laser ».
« Le problème principal qui retarde le régime, cest quil manque toujours de quantité suffisante duranium enrichi. Cest désormais leur première priorité avoir assez duranium », a-t-il dit.
Le CNRI, qui est dirigé par Maryam Radjavi, accuse les gouvernements européens de mener une « politique de complaisance » vis-à-vis de Téhéran. « Nous taxer de terrorisme cest faire un cadeau aux mollahs », a dit Mohadessine.