AFP, Vienne, 3 février – Les Etats-Unis ont informé l’Union européenne (UE) que l’Iran avait effectué des travaux sur des centrifugeuses pouvant servir à fabriquer des armes nucléaires, qui seraient en contravention avec une suspension de l’enrichissement d’uranium acceptée par Téhéran, ont indiqué jeudi des diplomates à Vienne.
Le sous-secrétaire d’Etat américain chargé du contrôle des armements et de la sécurité internationale, John Bolton, a informé le 28 janvier la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne (UE3) de travaux d' »entretien » effectués sur la tuyauterie de centrifugeuses à l’unité d’enrichissement de Natanz, dans le sud de l’Iran, a indiqué à l’AFP un diplomate occidental.
Dans une lettre aux directeurs politiques des ministères des Affaires étrangères de l’UE3, M. Bolton affirme en outre que l’Iran avait travaillé sur la conversion d’uranium, la première étape de l’enrichissement, dans une unité à Ispahan sans en informer l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a ajouté ce diplomate.
Pour enrichir de l’uranium, du minérai d’uranium est progressivement transformé en tétrafluorure d’uranium (UF4) et en hexafluorure d’uranium gazeux (UF6). Ces gaz sont ensuite introduits dans des centrifugeuses pour produire de l’uranium enrichi pouvant servir, indifférement, de combustible pour des centrales nculéaires civiles ou à la fabrication d’armes atomiques.
Les Etats-Unis accusent l’Iran de fabriquer l’arme atomique sous couvert d’un programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément catégoriquement.
Selon un diplomate occidental, Washington « est inquiet parce que l’Iran n’a jamais informé l’AIEA des tunnels (de conversion) à Ispahan avant le début de leur construction et par des activités suspectes à Natanz ».
Dans sa lettre, M. Bolton affirme que « l’Iran a engagé des activités de construction (à Ispahan) qui aurait dû faire l’objet d’une notification préalable à l’AIEA ».
Les travaux d’entretien effectués sur les centrifugeuses pourraient apparaître comme bénins, a indiqué le diplomate. Mais ils peuvent être vus comme s’inscrivant dans le cycle d’enrichissement, a-t-il ajouté. « Nous serions intéressés par votre interprétation de ces activités », écrit notamment M. Bolton à l’UE3.
En novembre, la république islamique avait accepté la suspension de toutes ses activités liées d’enrichissement ou au retraitement d’uranium contre une promesse de l’UE3 d’une coopération technologique et commerciale.
L’Iran souhaite cependant que cette suspension soit temporaire alors que l’UE3 exige qu’elle soit permanente. Des pourparlers entre l’Iran et l’UE3, qui bloquent précisement sur cette question, doivent se poursuivre la semaine prochaine à Genève.
Jeudi à Paris, l’opposition iranienne a affirmé que la république islamique avait acquis les matériels et la technologie nécessaires à la fabrication du mécanisme permettant de déclencher une bombe nucléaire.
Citant des sources au sein du programme nucléaire iranien, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), a précisé que Téhéran avait produit du polonium 210 et importé du béryllium, deux éléments nécessaires à la fabrication d’un « initiateur à neutrons ».
Le régime iranien aurait également développé des « générateurs de neutrons », autre composante essentielle d’un initiateur à neutrons, selon le CNRI en soulignant que « toutes ces activités ont été dissimulées à l’AIEA ».