AFP: Par Isabelle LE PAGE – L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a révélé vendredi la découverte de traces d’uranium enrichi à un degré supérieur à 20% sur un site nucléaire en Iran qui évoque une erreur technique, explication jugée crédible par des experts.
Cette révélation intervient au lendemain d’une réunion entre l’Iran et les grandes puissances à Bagdad, qui se sont séparés sur un constat de désaccord notamment concernant la question sensible de l’enrichissement d’uranium à 20%.
Dans un rapport diffusé vendredi, l’agence indique avoir prélevé en février sur le site souterrain de Fordo, à 150 km au sud de Téhéran, des échantillons recelant des « particules dont les niveaux d’enrichissement atteignaient 27% ».
Jusqu’ici, le degré d’enrichissement d’uranium de l’Iran déclaré s’élevait à un niveau proche de 20%.
Téhéran est soupçonné par les grandes puissances et Israël de vouloir se doter de l’arme atomique sous couvert de son programme nucléaire pacifique, ce que la République islamique dément.
En augmentant le degré de pureté d’enrichissement de son uranium, le pays se rapproche, selon eux, du niveau de 90% nécessaire à la fabrication de l’arme atomique.
Cette question clé de l’enrichissement n’avait pas donné lieu à un compromis à Bagdad, la partie iranienne insistant sur « son droit absolu » à y procéder, tout en se disant prête à aborder la question, tandis que le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et l’Allemagne) exigeaient son arrêt, selon des diplomates.
Pour Téhéran, la production de ces particules est « peut-être liée à des raisons indépendantes du contrôle de l’opérateur » de l’usine.
L’AIEA a prélevé d’autres échantillons et des analyses sont en cours.
L’Iran « prétend qu’il s’agit d’une erreur. Nous devons voir si cela est vrai ou non », a indiqué un officiel du haut rang familier du dossier. « Cela peut se produire », a-t-il ajouté.
Pour Mark Fitzpatrick, expert de la non-prolifération à l’institut international d’études stratégiques basé à londres, il s’agit « probablement d’un bug technique ».
« Lors de la mise en route de nouvelles cascades, ce n’est pas inhabituel de dépasser la cible du niveau d’enrichissement », a-t-il indiqué à l’AFP.
Pour Mark Hibbs de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, la découverte n’est pas « une preuve que l’Iran a clandestinement enrichi de l’uranium au delà de 20% ».
Six résolutions de l’ONU condamnent l’Iran et son programme nucléaire, dont quatre sont assorties de sanctions, notamment en raison des activités d’enrichissement.
L’AIEA a par ailleurs réitéré sa demande d’accéder rapidement au site militaire de Parchin, près de Téhéran, où elle fait état d’une « activité importante » et inhabituelle autour de bâtiments suspects.
Dans une lettre datée du 2 mai, l’agence a informé l’Iran qu’à cet endroit précis, où « aucune activité n’avait été virtuellement observée depuis des années, les bâtiments intéressant l’agence étaient maintenant le théâtre d’activités importantes qui pourraient entraver la possibilité de l’agence de mener des vérifications », selon le document qui s’appuie sur des images satellitaires.
L’agence onusienne soupçonne l’Iran d’avoir procédé à des tests d’explosion conventionnelle pouvant être applicables au nucléaire sur cette base militaire, ce que l’Iran dément.
L’accès à Parchin a été refusé aux experts de l’agence lors de deux missions en début d’année, selon l’AIEA.
Elle a aussi appelé l’Iran à finaliser rapidement comme promis un accord sur une « approche structurée » visant à éclaircir la nature du programme nucléaire du pays.
Au retour d’un voyage éclair à Téhéran, Yukiya Amano avait déclaré mardi avoir convenu avec les autorités iraniennes de signer prochainement un accord.