Associated Press: LIrak a annoncé jeudi son intention de déplacer un mouvement dopposition iranien vers un camp de détention dans le désert irakien, ce qui constitue une escalade dans les pressions exercées sur un groupe qui pose des complications tant pour Bagdad que Washington.
Le mouvement, lOrganisation des Moudjahidines du peuple dIran, a vivement dénoncé ce plan d « illégal et scandaleux », sinscrivant dans les efforts existant pour contraindre les membres du mouvement à quitter lIrak.
Environ 3500 membres de ce mouvement hébergés pendant de nombreuses années en Irak par Saddam Hussein sont sous surveillance dans un camp au nord-est de lIrak depuis linvasion dirigée par des États-Unis en 2003. Cependant, les autorités irakiennes ont adopté une attitude de plus en plus dure vis-à-vis du camp dAchraf, notamment avec une attaque des forces de sécurité en juillet dernier qui a débouché sur une mêlée au cours de laquelle 11 personnes ont été tuées.
Le mouvement met les autorités américaines et irakiennes dans une situation difficile.
Washington a placé les Moudjahidines du peuple dans la liste des organisations terroristes et prend ses distances des efforts de lIrak pour démanteler le groupe, qui sopposent au pouvoir des religieux en Iran. Certains responsables américains ont cependant exprimé leur crainte à propos des violences que pourrait engendrer les plans de lIrak pour déplacer par la force le mouvement de son lieu de résidence actuel dans le camp dAchraf.
Par ailleurs, les dirigeants irakiens seraient confrontés pas un tollé général en Occident sils décidaient de déporter les exilés vers leur pays natal, où ils sont considérés des ennemis de lÉtat. Or, le gouvernement chiite en Irak ne souhaite pas continuer à les abriter au risque de compromettre ses importantes relations avec le pouvoir chiite en Iran.
Le projet irakien, annoncé sur le site du gouvernement, appelle à déplacer les exilés du camp dAchraf vers un site éloigné dans le désert irakien, jadis utilisé pour les prisonniers notamment les opposants politiques exilés par Saddam.
Dans un premier temps, le groupe sera logé à Bagdad, avant un éventuel transfert vers le site désertique de Neqrat al-Salman, 120 km à louest de Basra (sud).
Le transfert pourrait débuter dès mardi prochain, au moment où les autorités irakiennes ont invité les medias à visiter le camp dAchraf.
Le communiqué irakien affirme que le transfert est nécessaire en raison des « liens historiques » du mouvement avec les factions notamment ceux du régime de Saddam et les membres dAl-Qaïda. Le gouvernement a accusé Al-Qaïda et le parti Baas interdit de Saddam davoir mené les récents attentats, notamment ceux de mardi dernier aux environs de Bagdad, tuant 127 personnes.
Le communiqué du mouvement dopposition iranien a qualifié les allégations de liens avec Al-Qaïda de « ridicules » et a accusé le premier ministre Nouri al-Maliki dabdiquer aux demandes de lIran pour réprimer le mouvement.
Le communiqué met également en garde sur le fait que les autorités irakiennes préparent « une nouvelle catastrophe humanitaire ». Shahriar Kia, un porte-parole dAchraf, a déclaré que les résidents ne sont pas armés pour combattre les forces de sécurité irakienne, mais il a promis quils vont se défendre en tant quopposants « non armés et sans défense ».
« Nous nallons pas quitter nos maisons », a-t-il dit. « Nous nallons pas quitter ».
La semaine passée, le Vice-président du Parlement européen, Alejo Vidal-Quadras, a adressé une lettre à Nouri al-Maliki pour lavertir que « tout déplacement forcé » du camp dAchraf « aboutira sans aucun doute à des victimes beaucoup plus nombreuses » que ceux de lattaque de juillet.
Cette semaine en Espagne, un juge a demandé à lIrak sil enquêtait sur les violences de juillet dans le camp, un premier pas vers une enquête par le juge espagnol.
Le juge Fernando Andreu agit conformément à la doctrine de justice universelle de lEspagne, qui autorise la poursuite des allégations de crimes graves commis dans dautres pays, pour autant que certaines conditions soient réunies. Une de ces dispositions tient au fait que le pays où un crime aurait eu lieu ne mène pas, ou nait pas encore mené, sa propre enquête.
(traduit de langlais)