The Washington Post, Editorial, 20 avril Le Secrétaire à la Défense Robert M. Gates a fait l’objet d’un de ces curieux tohu-bohu de Washington pendant le week-end où un haut fonctionnaire a fait la une des média en disant tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Selon le New York Times, M. Gates a envoyé un mémo secret à la Maison Blanche en janvier soulignant que l’administration Obama n’a pas de stratégie bien préparée dans l’éventualité probable que l’Iran continuera sa quête de larme nucléaire et nen sera pas détourné par des négociations ou des sanctions.
M. Gates a rapidement nié quil sagisse dun « avertissement », comme la dit un officiel anonyme cité par le Times. Et c’est sans doute vrai : Il est évident pour tout observateur que l’administration ne dispose pas de plan clair de sauvegarde.
La position officielle du président Obama cest que «toutes les options sont sur la table», y compris l’utilisation de la force. Mais les hautes autorités parlent régulièrement d’option militaire en public – ce qui nuit à son utilité, même comme un instrument d’intimidation. Lamiral Mike Mullen, président de létat-major interarmées, offrait plus dassurance à l’Iran, dimanche, en disant dans un forum à l’Université de Columbia : « Cela minquiète … de frapper l’Iran. Je me suis beaucoup exprimé en public à ce sujet en raison des conséquences inattendues. »
Lamiral Mullen semble assimiler ces conséquences avec le fait que l’Iran se dote dune arme. « Je pense que si l’Iran avait une arme nucléaire ce serait incroyablement déstabilisant. Je pense que les attaquer créerait aussi le même genre de résultat », a-t-il dit cité par la presse. Pourtant, Israël et d’autres pays de la région ne considèreraient pas ces «résultats» comme similaires.
Nous ne préconisons pas de frapper les installations nucléaires iraniennes. Mais les signes publics de mollesse de l’administration sur les options militaires sont préoccupants en raison de l’absence de progrès de sa stratégie à deux volets doffre de négociations et de menace de sanctions. Toute une année pour tenter le dialogue a échoué ; à présent la pression pour obtenir des sanctions avance à un rythme d’escargot. Bien que les autorités de l’administration disent faire des progrès pour vaincre la résistance de la Russie et la Chine, il semble qu’une nouvelle résolution de sanctions de l’ONU risque de nécessiter des mois de tergiversations. Même alors, cela pourrait seulement être un réservoir destiné à ouvrir la voie à des actions ad hoc par les Etats-Unis et l’Union européenne, ce qui nécessiterait encore de la diplomatie.
Et que feraient des sanctions ? La Secrétaire d’État Hillary Rodham Clinton a déclaré au Financial Times la semaine dernière que « peut-être (…) cela mènerait au genre de négociations de bonne foi auxquelles le président Obama a appelé il y a 15 mois. » Pourtant, l’idée que la clique radicale iranienne actuellement au pouvoir ne négociera jamais de bonne foi est exagérée. Ce qui serait plus probable – et souhaitable – serait une victoire du mouvement vert d’opposition en Iran dans lactuelle lutte interne pour le pouvoir. Mais l’administration a jusqu’à présent hésité à soutenir des sanctions, comme un embargo sur l’essence, qui pourraient accroître la colère populaire contre le régime.
Tout cela explique sans doute pourquoi M. Gates, selon ses propres mots, « a présenté un certain nombre de points et de propositions visant à contribuer à un processus de prise de décision ordonné et opportun. »
« Il ne devrait y avoir aucune confusion pour nos alliés et adversaires » a-t-il ajouté, sur le fait que « les Etats-Unis (
) sont préparés à agir dans un large éventail déventualités en soutien à nos intérêts ». Si les alliés et les adversaires sont actuellement dans la confusion, cest compréhensible.