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Une analyse du Wall Street Journal sur les sanctions en Iran (Opinion)

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The Wall Street Journal: Par EMANUELE OTTOLENGHI* (OPINION) – Les Iraniens ordinaires sont obligés de se serrer la ceinture depuis que l’embargo pétrolier de l’Union européenne est entré en vigueur le 1er juillet. Les décennies de mauvaise gestion économique des dirigeants despotiques en Iran ont abouti à cinq années de sanctions de plus en plus sévères, qui détériorent l’économie du pays. Et malgré le défi avec lequel le régime nie leur impact, les sanctions ont laissé de nombreuses familles iraniennes avec un trou sur le compte bancaire et l’estomac vide.

Alors que les gros bonnets du gouvernement ne sont pas affectés, les Iraniens ordinaires doivent composer chaque jour avec une monnaie dévaluée par une hyperinflation et un taux de chômage officiel de 29,1 % pour les moins de 25 ans, que certains analystes estiment être deux fois plus élevé. Et les choses sont sur le point de s’aggraver. La menace de nouvelles sanctions à la suite de l’embargo pétrolier et une nouvelle interdiction aux États-Unis pour traiter avec la banque centrale de l’Iran n’affecteront pas seulement le secteur énergétique iranien.

Ce n’est pas seulement la qualité de vie des Iraniens ordinaires qui est affectée. L’Etat a depuis longtemps perdu toute légitimité avec sa censure et ses violations des droits de l’homme. Ces dernières semaines, non seulement des forces spéciales ont commencé à faire respecter l’interdiction des antennes paraboliques avec une intensité nouvelle, mais de nouveaux raids sur les cafés et des règlements vestimentaires plus stricts ont exaspéré une population déjà frustrée. Une fuite de cerveaux menace maintenant la capacité de l’Iran à rivaliser avec le monde moderne.

Pendant ce temps, la paranoïa du régime pour les sombres complots internationaux touche à la folie. Les autorités gouvernementales accusent des « banquiers sionistes » du ralentissement économique mondial et imputent une sécheresse féroce des régions du sud du pays à une «guerre en coulisse» menée par l’Occident.

Dans une démocratie qui fonctionne, une économie malade et une population de plus en plus mécontente déclencherait un changement de gouvernement, une réévaluation drastique des priorités nationales ou les deux. En Iran, l’Etat peut seulement tenter de jeter le blâme ailleurs, s’inventer des ennemis à domicile et des complots de tous les côtés pendant que la maison brûle.

Cependant compte tenu de la menace nucléaire, les puissances occidentales qui négocient avec l’Iran semblent se satisfaire de conclure un accord avec ce régime impitoyable.

Leurs priorités stratégiques sont compréhensibles, mais de courte portée.

Pour l’Occident, le meilleur moyen de sortir de l’impasse actuelle n’est pas un accord qui procurerait à l’Etat une bouée de sauvetage, mais un soulèvement populaire sur le modèle du Printemps arabe. Déclenché par une détresse économique croissante, un tel événement pourrait faire tomber le régime radical et irresponsable iranien, permettant l’émergence de leaders attachés à la démocratie et prêts à soutenir les obligations internationales de l’Iran dans la transparence.

Les sceptiques déclareront que parier sur un tel scénario est un exercice inutile. Il y a trois ans, le régime a écrasé avec succès des manifestations postélectorales que l’administration Obama n’a pas soutenues. Mais il n’est pas plus sain de parier sur la stabilité durable de Téhéran dans les conditions actuelles.

Des sanctions plus sévères ne convaincront pas le régime d’accepter un compromis sur son programme nucléaire comme elles ont été à l’origine conçues pour le faire. Un régime paranoïaque et répressif n’est pas, après tout, de nature à agir de façon raisonnable à la table des négociations.

Au lieu de cela, les sanctions servent un meilleur objectif comme outil pour précipiter la chute du régime. Lorsque l’embargo pétrolier a été adopté, les sceptiques ont à la fois  craint une hausse spectaculaire des prix et ont douté qu’un embargo marche sans la Chine et l’Inde à bord. Six mois plus tard et avec l’aide de la baisse mondiale des prix du pétrole, les ventes de pétrole de l’Iran sont en chute de plus d’un tiers. Même des alliés comme la Chine ont réduit leurs importations de brut iranien – ils peuvent acheter le reste à un prix discount.

Les ventes de l’industrie automobile iranienne ont baissé de 36%, avec 500.000 emplois en danger en raison des sanctions. Les mises à pied dans les usines sont de routine. Les exportations du pays ont rapidement décliné. Même des secteurs innocents tels que les ventes de tapis souffrent. Les sanctions font monter la pression, non parce que le régime finira par accepter un compromis, mais parce que les Iraniens ordinaires reprocheront à leurs dirigeants les souffrances qu’ils doivent endurer à cause de leurs folies nucléaires.

Pendant trop longtemps, l’Occident a ignoré l’opposition iranienne, préférant un accord avec le régime. Au bout de neuf ans de négociations, aucun accord n’a été conclu.

Finalement, l’Occident ne devrait plus hésiter à soutenir plus ouvertement et agressivement les efforts de l’opposition iranienne pour apporter un changement à l’intérieur de leur pays. Plus tôt le régime iranien s’effondrera, mieux ce sera. Mieux les  puissances occidentales seront préparées quand cela se produira, moins une transition aura des chances d’aboutir à un chaos et de créer un terrain fertile pour l’extrémisme.

* M. Ottolenghi est un membre éminent de la Fondation pour la Défense des Démocraties et l’auteur de « Les Pasdaran: A l’intérieur du corps des Gardiens de la Révolution islamique iranienne » (Presse FDD, 2011).

The Wall Street Journal, le 23 juillet 2012

http://online.wsj.com/article/SB10000872396390443570904577544510656462718.html

 

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