Le New York Times, citant des sources informées, a rapporté lundi 4 septembre que Johan Floderus, ressortissant suédois de 33 ans et employé de l’Union européenne, était détenu en Iran depuis plus de 500 jours. Il s’est rendu en Iran au printemps de l’année dernière pour un voyage touristique personnel avec plusieurs compatriotes. Le 17 avril, alors qu’il tentait de quitter l’Iran, il a été arrêté à l’aéroport Imam Khomeini de Téhéran.
Le régime iranien avait annoncé l’arrestation d’un citoyen suédois accusé d’« espionnage » en juillet de l’année dernière.
Johan Floderus, actuellement détenu à la prison d’Evin, a occupé plusieurs postes au sein d’institutions liées à l’UE. Il est également apparu dans une campagne promotionnelle visant à attirer les jeunes Suédois vers les carrières européennes.
Le New York Times s’est entretenu avec six personnes ayant une connaissance directe de l’affaire. Tous ont demandé l’anonymat, craignant des réactions négatives s’ils en parlaient. Ils ont nié que M. Floderus ait été impliqué dans des activités d’espionnage.
Tout en s’abstenant de commenter les détails de l’incident, le ministère suédois des Affaires étrangères a déclaré dans une correspondance électronique avec le New York Times : « Un citoyen suédois – un homme d’une trentaine d’années – a été arrêté en Iran en avril 2022. Le ministère des Affaires étrangères et l’ambassade de Suède à Téhéran travaillent intensivement sur ce dossier.»
Le ministère suédois des Affaires étrangères a ajouté : « Nous comprenons l’intérêt porté à cette question, mais selon nous, cela compliquerait le traitement de l’affaire si le ministère discutait publiquement de ses actions. »
Depuis 2019, M. Floderus est assistant d’Ylva Johansson, la commissaire européenne aux Affaires intérieures. En 2021, il rejoint également le Service européen pour l’action extérieure, qui regroupe les départements des affaires étrangères et de la défense de l’Union européenne et est actuellement dirigé par Josep Borrell.
Des sources bien informées ont déclaré au New York Times que ce citoyen suédois s’était déjà rendu en Iran sans aucun problème dans le cadre d’un programme de développement de l’Union européenne.
Le rapport de la République islamique de l’année dernière faisait également référence aux précédents voyages de M. Floderus en Iran comme raison de ses « sinistres activités ».
Le Service européen pour l’action extérieure a déclaré qu’il « suivait de près le cas d’un citoyen suédois détenu en Iran », mais n’a pas précisé si M. Floderus travaille pour cette institution ou s’il s’était déjà rendu en Iran pour des questions liées à l’UE.
Nabila Massrali, porte-parole du Service européen pour l’action extérieure, a déclaré : «Nous avons profité de chaque opportunité pour soulever cette question avec les autorités iraniennes afin d’obtenir la libération volontaire de tous les citoyens de l’UE arbitrairement détenus et nous continuerons de le faire. »
Le père de M. Floderus s’est abstenu de commenter la situation de son fils.
Les relations entre l’Iran et la Suède sont très froides. En juillet de l’année dernière, un tribunal suédois a condamné Hamid Nouri, un ancien responsable judiciaire du régime iranien, à la prison à vie pour son implication dans le massacre de prisonniers politiques en 1988.
Un mois après l’arrestation de M. Floderus, la République islamique a condamné à mort Ahmad Reza Djalali, un chercheur irano-suédois, sur la base d’accusations fabriquées de toutes pièces et sans fondement telles que « espionnage » et « aide à l’assassinat de scientifiques nucléaires par Israël ».
Le même mois, le régime a exécuté Habib Asiod, un citoyen irano-suédois enlevé en Turquie en 2020.
La non-divulgation de l’arrestation de ce diplomate suédois de 33 ans par les autorités suédoises et européennes intervient à un moment où les responsables occidentaux accusent le régime de s’engager dans une « diplomatie des otages » pour obtenir un levier politique.
Ces dernières années, le régime iranien a arrêté des ressortissants doubles et étrangers sur la base d’accusations fabriquées de toutes pièces, dans le but de les échanger contre ses agents arrêtés en Europe et aux États-Unis, ou de les utiliser comme levier pour gagner de l’argent et d’autres avantages.
Le mois dernier, les États-Unis ont accepté de libérer 6 milliards de dollars d’actifs iraniens bloqués en Corée du Sud en échange de la liberté de cinq de leurs citoyens détenus en Iran.
En mai, la Belgique a libéré le diplomate terroriste condamné à Téhéran, Assadollah Assadi. Assadi a été reconnu coupable d’avoir organisé et commandé une attaque terroriste visant un rassemblement du CNRI près de Paris en 2018, décrite plus tard comme l’acte criminel le plus important en Europe après la Seconde Guerre mondiale.
Il n’est pas improbable que le gouvernement suédois, après 500 jours de silence, cherche à libérer Hamid Nouri et à l’échanger contre son propre otage. Céder à la diplomatie des otages ne présage pourtant pas de bonnes augures.