Lemonde.fr, 4 avril – Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a gracié et libéré, mercredi 4 avril, les quinze marins britanniques qui avaient été arrêtés le 23 mars. Une libération « offerte au peuple britannique », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse diffusée en direct par la télévision d’Etat. Les marins seront rapatriés jeudi à partir de l’aéroport de Téhéran.
Mahmoud Ahmadinejad a rencontré les quinze marins britanniques, selon des images de la télévision d’Etat. « C’était un voyage forcé », a plaisanté le président en parlant à un marin, qui a répondu : « On peut dire cela. »
Tony Blair a salué l’annonce de la libération des 15 marins, affirmant qu’il n’y avait pas eu de négociation. « Depuis le début, nous avons adopté une approche mesurée ferme mais calme, pas de négociation mais pas de confrontation non plus », a ajouté le premier ministre britannique, lors d’une brève déclaration devant Downing Street. Il a tenu à remercier tous ceux qui avaient joué un rôle dans cette libération, l’Europe, le Conseil de sécurité de l’ONU, mais aussi, « nos alliés dans la région qui ont joué leur rôle ». Il n’en a pas dit plus, mais la chaîne de télévision Sky News a affirmé mercredi soir que la Syrie et le Qatar avaient joué un rôle clé pour résoudre la crise. « Nous souhaitons résoudre de manière pacifique tous les désaccords que nous avons avec votre gouvernement par le dialogue », a également dit M. Blair à l’adresse du peuple iranien, précisant : « Nous ne vous en voulons pas ».
CHARGE CONTRE L’OCCIDENT
Au cours de sa conférence de presse, M. Ahmadinejad a laissé entendre que Londres a reconnu, dans une lettre adressée à Téhéran, que la Royal Navy s’est bien introduite dans les eaux territoriales iraniennes. »Le gouvernement britannique, dans une lettre, s’est engagé à ce que de tels incidents ne se reproduisent pas. Mais cette libération n’est pas liée à cette lettre. Elle est due à la bonté islamique », a-t-il déclaré.
Le président iranien n’en a pas moins décoré Abolkhassem Amanghah, un commandant de la marine du corps des Gardiens de la révolution, qui a capturé les marins. »Je veux remercier avec une médaille du troisième degré pour le courage militaire le commandant des forces qui a défendu les frontières de l’Iran et arrêté les intrus », a-t-il déclaré.
Il a également, lors de son discours, fustigé l’attitude des pays occidentaux et du Conseil de sécurité. Il a en particulier lancé une violente attaque contre le gouvernement britannique, lui reprochant son « tapage médiatique » et d’avoir envoyé l’affaire au Conseil de sécurité. Il a aussi accusé le même Conseil de sécurité de ne pas avoir pu empêcher l’occupation de l’Irak et les « crimes en Palestine ». Il a affirmé que les « droits des peuples sont ignorés aujourd’hui et on empêche leur progrès », en référence au programme nucléaire iranien, dont le maintien a entraîné des sanctions du Conseil de sécurité.