AFP, Washington, 1 mai – La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, part mardi pour Charm el-Cheikh décidée à ouvrir un dialogue tardif avec les régimes iranien et syrien, honnis du président George W. Bush qui lui a recommandé la fermeté.
La conférence internationale prévue les 3 et 4 mai à Charm el-Cheikh, en Egypte, avec l’ensemble des voisins de l’Irak ainsi que les membres du G8, l’Union européenne et l’ONU, est officiellement consacrée à la sécurité et la reconstruction en Irak.
Mais c’est la possibilité d’un entretien de la chef de la diplomatie américaine avec son homologue iranien Manouchehr Mottaki — ce qui représenterait les premiers entretiens politiques à ce niveau entre les deux pays depuis 27 ans– qui monopolise l’attention.
Le président George W. Bush a chargé lundi Mme Rice de se montrer ferme vis-à-vis de son homologue iranien en cas de discussions avec lui.
« Condi Rice ne sera pas grossière si le ministre iranien des Affaires étrangères tombe sur elle (…) Je suis sûr qu’elle sera polie, mais aussi qu’elle se montrera ferme quand il s’agira de rappeler au représentant iranien qu’il y a mieux à attendre pour le peuple iranien que l’isolement », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à l’issue d’un sommet avec les dirigeants européens.
Alors que l’Iran a attendu la dernière minute pour annoncer sa participation à la conférence, les responsables américains se sont contentés jusque là de « ne pas exclure » une rencontre.
Un autre adversaire de Washington au Proche-Orient, la Syrie, pourrait lui aussi se retrouver au centre de l’attention à Charm el-Cheikh, Washington n’ayant pas exclu une rencontre de Mme Rice avec le ministre syrien des Affaires étrangères, Wallid Mouallem.
L’ouverture d’un dialogue avec ces deux régimes, régulièrement accusés par M. Bush de soutenir les groupes terroristes de la région et de déstabiliser l’Irak, était réclamée depuis plusieurs mois aux Etats-Unis et par les alliés de Washington, notamment les Européens.
Le Haut représentant de l’UE pour la politique extérieure Javier Solana a appelé ainsi vendredi les Etats-Unis à « ouvrir un canal de communication » avec l’Iran sur tous les sujets, y compris sur le dossier nucléaire.
La question a été abordée lundi à Washington au cours d’un sommet Etats-Unis/UE et Mme Rice est apparue réellement désireuse de dialoguer avec l’Iran, a indiqué à l’AFP une source européenne ayant participé au sommet.
« Ce ne sera pas une rencontre formelle, mais ce sera un premier contact », s’est félicité cette source, sans préciser si Mme Rice avait l’intention d’évoquer la question nucléaire avec M. Mottaki.
Le conseiller spécial pour l’Irak de la secrétaire d’tat américaine Condoleezza Rice, David Satterfield, a assuré que non. Si le programme nucléaire iranien est évoqué à Charm el-Cheikh, « elle renverra la question entre les mains qualifiées de Javier Solana », a-t-il déclaré à la presse.
Alors que l’ouverture sans condition d’un dialogue avec Téhéran était impensable il y a encore quelques mois, les responsables américains assurent que cette démarche n’a rien d’une concession accordée à un Iran prêt à accéder à l’arme nucléaire.
Ils répètent en effet à l’envi que Téhéran est aujourd’hui affaibli par deux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU approuvées par la Russie et la Chine, ses alliés traditionnels, ainsi que des sanctions financières qui commencent à peser sur son économie.