AFP, Bagdad, 26 mars – L’armée américaine a appelé mercredi l’Iran à user de son influence pour stopper les violences à Bassorah, où s’affrontent depuis mardi miliciens chiites et forces de sécurité irakiennes.
« Il ne fait aucun doute que le gouvernement iranien a une influence importante à Bassorah, dans la province (de Bassorah) et dans le sud-est de l’Irak en général », a déclaré le général Kevin Bergner lors d’une conférence de presse à Bagdad.
« Nous aimerions que le gouvernement iranien honore ses engagements en aidant à améliorer la sécurité et la stabilité (de Bassorah) et à réduire les activités de ceux qui agissent en dehors de la loi », a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis, qui s’opposent à l’Iran, un pays chiite, sur de nombreux dossiers, accusent régulièrement Téhéran d’être un facteur de déstabilisation en Irak en soutenant des mouvements armés chiites.
Les forces de sécurité irakiennes ont lancé une vaste opération dans la ville de Bassorah, centre pétrolier du sud, pour lutter contre des « gangs » qui, selon le Premier ministre Nouri al-Maliki, ont pris le contrôle de certaines parties de la ville.
Selon le général Bergner, 2.000 militaires et policiers irakiens supplémentaires ont été dépêchés à Bassorah pour participer à l’opération.
Des témoins ont affirmé que les forces de sécurité pénétraient dans des quartiers contrôlés par la milice du chef chiite Moqtada Sadr, l’Armée du Mahdi. Mais le général Bergner a affirmé que la milice n’était pas prise pour cible.
« Les opérations ne visent pas (l’Armée du Mahdi). Le gouvernement irakien (…) s’occupe de criminels dans les rues », a-t-il dit.
Des dizaines de personnes ont été tuées depuis mardi dans tout l’Irak dans les combats opposant groupes chiites et armée irakienne.
M. Maliki a donné mercredi 72 heures aux miliciens chiites pour déposer les armes.
Concernant Bagdad, le général Bergner a indiqué que des raids américains et irakiens visaient depuis mardi dans Sadr City, bastion de l’Armée du Mahdi, des activistes tirant des roquettes et des obus de mortier sur la Zone verte, qui abrite notamment l’ambassade américaine, et les quartiers alentours.
« Nous avons la responsabilité de travailler avec les forces de sécurité irakiennes pour empêcher les cellules responsables de tirs indirects de continuer à faire ce qu’elles font (…) et pour imposer aux groupes armés le respect de l’Etat de droit », a dit le général Bergner.
L’armée américaine désigne généralement les tirs de roquettes et de mortiers sous l’expression de « tirs indirects ».
Là encore, le général Bergner a précisé que les forces américaines et irakiennes ne visaient pas à Bagdad l’Armée du Mahdi en particulier, mais seulement ceux de ses membres qui ne respectaient pas la trêve à laquelle Sadr s’était engagé et qui, donc, « enfreignaient la loi ».
« Nous ne visons pas les individus en raison de leur affiliation politique », a dit le général Bergner.
Il a en revanche mis en cause des « groupes spéciaux », une expression qui dans le vocable de l’armée américaine renvoie à des combattants « démobilisés » de l’Armée du Mahdi qui auraient reçu en Iran un entraînement à l’utilisation d’armes sophistiquées.