AFP, Téhéran, 31 janvier – Au lendemain de la forte mobilisation des électeurs irakiens, en particulier dans les zones chiites, les dirigeants iraniens ont tout lieu d’être satisfaits par une probable victoire de leurs anciens protégés.
« Ces élections n’auraient jamais été possibles sans la puissance du clergé et l’autorité religieuse » qui a exigé leur tenue, a déclaré l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, lors d’un discours prononcé lundi à l’occasion du 26ème anniversaire du retour en Iran de l’imam Khomeiny, fondateur de la République islamique.
« Aujourd’hui, les Irakiens doivent protéger leur vote et faire attention qu’il n’y ai pas de fraude » pour changer les résultats des élections, a-t-il ajouté.
Dès dimanche, M. Rafsandjani avait affirmé que les Etats-Unis « pouvaient chercher à manipuler le résultat des élections » où même tenter un coup d’Etat si les résultats ne sont pas satisfaisants à leurs yeux.
Les dirigeants iraniens sont persuadés que la très forte mobilisation de l’électorat en zone chiite, en particulier dans le sud de l’Irak, va logiquement profiter aux listes des partis chiites soutenus par le grand ayatollah Ali Sistani, le plus grand dignitaire religieux chiite d’Irak.
« La très forte mobilisation des électeurs dans le sud de l’Irak répond à la fatwa du grand ayatollah Sistani qui a déclaré que voter était un devoir religieux », a déclaré à l’AFP Ali Agha-Mohammadi, responsable de la propagande au Conseil suprême de la sécurité nationale.
« Personne ne peut désormais ignorer la place et le rôle de l’islam et du clergé », a-t-il ajouté.
Selon lui, des résultats partiels montrent une large victoire de la « liste des 169 », soutenue par le grand ayatollah Sistani.
« Les partis membres de cette coalition sont islamistes et la liste (des 169) est dirigée par un religieux en la personne d’Abdel Aziz Hakim (…), l’influence des groupes islamistes doit convaincre les Américains et les Occidentaux de modifier leur regard par rapport à la région », a-t-il poursuivi.
Dimanche déjà, le président de la Commission des Affaires étrangères et de la Sécurité nationale du parlement, Allaeddine Boroudjerdi, a déclaré que « l’organisation des élections en Irak est un grand pas des Irakiens vers un régime populaire et indépendant ».
Les responsables iraniens n’ont pas caché leur soutien à la liste des partis chiites soutenus par le grand ayatollah Ali Sistani. D’ailleurs, ces derniers jours, la télévision d’Etat iranienne a diffusé des spots publicitaires en faveur de la « liste des 169 ».
Abdel Aziz Hakim, qui dirige cette liste, n’est autre que le chef du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), qui a longtemps était soutenu politiquement, financièrement et même militairement par l’Iran.
Les dirigeants de ce mouvement étaient réfugiés en Iran durant le règne de Saddam Hussein et le mouvement disposait d’une véritable armée, la brigade Badr, dont les combattants étaient basés dans des camps dans le sud de l’Iran.
Téhéran espère aussi que ces élections favorisera le départ des forces américaines d’Irak.
« Nous ne déterminons pas la date du départ des forces américaines d’Irak, mais les Etats-Unis doivent accepter de fixer les étapes pour le départ de leurs troupes », a dit M. Agha-Mohammadi, ajoutant qu’aux yeux de l’Iran « le plus tôt sera le mieux ».
En tout cas, le porte-parole du gouvernement iranien, Abdollah Ramezanzadeh, a déclaré que l’Iran allait « coopérer avec le futur gouvernement irakien quelle que soit sa tendance ».
En effet, il ne fait pas de doute que le renforcement de la place et de l’influence des chiites au sein du futur pouvoir irakien permettra à l’Iran de renforcer sa position dans toute la région.