Par Viviane Ingremeau – La gravité du fléau de ‘l’état islamique ( Daech ) qui a plongé l’Irak dans le chaos appelle à une action urgente et concentrée des Nations. Mais il faut éviter les erreurs du passé et la dégradation de la situation. La brutalité de l’ancien premier Ministre Nouri maliki combinée à une politique de discrimination ethnique à l’égard de la minorité sunnite et une ingérence ouverte de l’Iran dans les affaires irakiennes ont préparé le terrain à l’extrémisme de Daech et ont plongé l’Irak dans une crise grave.
Malgré la vive opposition de Téhéran qui en avait fait son principal pion, Maliki a quitté le pouvoir, remplacé par Heidar Al Ebadi qui devra corriger les terribles erreurs de son prédécesseur s’il compte ramener la stabilité et la paix dans son pays. Il doit former un gouvernement d’union nationale , s’engager à la libération des prisonniers politiques et surtout évincer la mainmise de Téhéran sur la politique irakienne en démantelant les milices terroristes chiites à la solde de l’Iran, non moins dangereuses que le Daech. Enfin, il s’agira de normaliser la situation du camp Liberty, refuge des opposants iraniens en Irak soumis à un blocus inhumain en lui reconnaissant le statut de camp de réfugiés protégé par l’ONU.
S’allier au régime iranien pour sauver l’Irak serait la pire erreur politique.
Il suffit de regarder le rôle joué par le régime iranien en Irak et particulièrement depuis que Maliki a été placé au poste de premier ministre. C’est dans l’action destructrice de Maliki et de son mentor iranien : Ghassem Soleimani( un commandant des pasdarans et responsable de la politique iranienne en Irak), qu’il faut voir les causes de la tragédie dans ce pays. En 2010, le laïc Ayad Alawi , avait gagné les élections et le clan chiites pro iraniens, rongé par les querelles, les avaient perdues, mais le régime iranien fait pression sur les organisations chiites pour serrer les rangs derrière Maliki et écarter Alawi.
En 2014 , pour combattre les forces obscurantistes de l’Etat islamique , la communauté internationale va-t-elle répéter la même erreur en associant l’Iran à son combat ? L’Iran ne serait-il pas comme en Syrie la source du problème irakien et non la solution, comme l’affirment les principaux intéressés? La carte blanche à l’intervention de l’Iran écarterait à jamais une réconciliation entre Sunnite et Chiites et éterniserait le conflit à l’instar de la Syrie. La diplomatie française devrait veiller à écarter l’influence néfaste de l’Iran dans le processus international d’aide à l’Irak et pousser à la formation d’un gouvernement composé aussi de Kurdes et de Sunnites. C’est la seule façon de venir à bout de l’Etat islamique de Daech .