AFP, Téhéran, 7 août – Le prix Nobel de la paix, l’avocate Shirin Ebadi, a demandé dimanche au plus emblématique des prisonniers politiques iraniens, le journaliste Akbar Ganji, de cesser sa grève de la faim.
« Moi, votre avocate et lectrice, je vous demande cordialement de cesser votre grève de la faim et de manger pour faire le bonheur de vos amis et de votre famille et d’apaiser leurs inquiétudes », écrit Mme Ebadi à M. Ganji, qui est par ailleurs son client, dans une lettre rendue publique.
Mme Ebadi a expliqué à l’AFP avoir écrit cet appel après que la femme du dissident eut exhorté ses proches à tenter de le convaincre de renoncer à sa grève de la faim.
Akbar Ganji en était dimanche à son 58ème jour de grève de la faim pour obtenir sa libération sans conditions.
« Soyez certain qu’il sera beaucoup plus facile de faire valoir vos revendications juridiques dans un climat plus serein », a écrit Mme Ebadi.
Un autre avocat d’Akbar Ganji, Youssef Molaïe, a lancé un appel semblable à M. Ganji.
Akbar Ganji, 46 ans, a été condamné en 2001 à six ans de prison après un article mettant en cause plusieurs dignitaires dans une série de meurtres d’intellectuels et d’écrivains.
Malgré les appels de toutes parts et les nouvelles alarmantes sur son état de santé, la justice ultra-conservatrice a refusé sa libération. Elle dit qu’elle examinera son cas s’il fait lui-même la demande, ce qu’il ne veut pas entendre.
La femme d’Akbar Ganji, Massoumeh Shafiie, s’est dite samedi « très inquiète », affirmant qu’elle n’avait pu lui rendre visite depuis une semaine. Mme Ebadi a aussi accusé la justice de l’empêcher de voir son client.
L’Union européenne a demandé au ministère des Affaires étrangères et à la justice iraniens de l’informer « d’urgence » sur la situation d’Akbar Ganji.
L’ambassadeur britannique, Richard Dalton, dont le pays préside actuellement l’Union européenne, a demandé à rendre visite au dissident à l’hôpital de Téhéran où il a été transféré de prison.
La République islamique « ne permettra pas que les ambassadeurs étrangers s’immiscent dans nos affaires intérieures », a répondu le porte-parole des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi.
Les étrangers peuvent à la rigueur demander que la « loi s’applique à un citoyen mais ils ne peuvent intervenir dans nos affaires pour nous dire ce que nous avons à faire », a-t-il dit.
Le prix Nobel Ebadi demande au dissident Ganji de cesser sa grève de la faim
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