AFP, Téhéran, 6 février – Le rapporteur spécial de l’Onu sur les violences à l’égard des femmes a critiqué dimanche la République islamique d’Iran, estimant notamment que les lois de ce pays n’offraient pas de protection aux victimes de mauvais traitements.
« Dans la famille, les femmes font face à la violence sexuelle, physique et psychologique, ainsi qu’à la discrimination sexuelle », a déclaré Mme Yakin Erturk, lors d’une conférence de presse à Téhéran.
Selon elle, les lois iraniennes « n’offre pas de protection aux victimes de violence conjugale, et rend difficile d’échapper à la violence par le divorce », a-t-elle dit, ajoutant que les épouses victimes devaient faire face à « des procédures judiciaires très longues et à la stigmatisation » de leur comportement.
Les femmes souhaitant divorcer ne peuvent en faire la demande que si elles peuvent prouver que leur époux est soit impuissant, soit drogué, soit incapable de soutenir la famille ou qu’il réside hors du domicile conjugal depuis plus de six mois. Pour les hommes, le divorce est souvent une simple procédure, même si cela est en train de changer lentement.
« Je suis inquiète du fait que les victimes de viol rencontrent des obstacles lorsqu’elles réclament justice, et si elles ne peuvent pas prouver qu’elles ont été violées, elles encourent des peines », a indiqué Mme Erturk, en faisant référence à des cas de femmes qui s’étaient plaintes de viol avec le risque d’être poursuivies pour adultère.
Mme Erturk, qui s’exprimait à la fin d’une visite d’une semaine faite à l’invitation du gouvernement réformateur, s’est dite également « très inquiète » des arrestations arbitraires, des détentions prolongées et de « la pratique répandue des arrestations pour opinions politiques ».
« Les formes variées de violence contre les femmes ont un élément en commun: l’existence de lois discriminatoires et les dysfonctionnements dans l’administration de la justice », a-t-elle dit.
« Une telle situation crée un environnement (favorable) pour que l’auteur (des violences) échappe à la punition », a-t-elle ajouté, en appelant à la « rectification » des lois discriminatoires, à des réformes judiciaires et à l’abolition de la peine de mort.
Mme Erturk a par ailleurs indiqué avoir soulevé le cas de la photographe canado-iranienne Zahra Kazemi, arrêtée fin juin 2003 alors qu’elle prenait des photos devant la prison d’Evine à Téhéran, et morte d’une hémorragie cérébrale en juillet après avoir reçu des coups lors de sa détention.
« J’ai reçu l’assurance qu’une enquête est en train d’être menée correctement sur ce cas et que les faits seront révélés au public », a-t-elle dit.
Entre son arrestation et son admission à l’hôpital, la photographe avait été interrogée par des représentants du ministère public, de la police et du ministère des Renseignements, institutions rivales qui se sont rejetées la responsabilité de sa mort.
En juillet 2004, un tribunal de Téhéran a acquitté l’agent des renseignements mis en cause, et la justice a estimé que la journaliste pouvait être morte accidentellement, alors que le président iranien lui même, Mohammad Khatami, avait accusé à plusieurs reprises la justice de faire preuve de partialité dans cette affaire qui a choqué la communauté internationale et profondément affecté les relations entre l’Iran et le Canada.