Iran Focus, Londres, 10 juillet Le guide suprême, layatollah Ali Khameneï, a nommé un commandant des gardiens de la révolution iraniens à la tête de la police du pays, a annoncé lagence de presse officielle.
Dans un décret lu à la radio dEtat, layatollah Khameneï a dit que la priorité des forces de police était de « créer la sécurité dans tout le pays à un niveau digne de la république islamique».
Le général Ismaïl Ahmadi Moghadam, le numéro deux de la milice paramilitaire du Bassidj et commandant de la force dans le secteur du Grand Téhéran, est un allié de longue date du président Mahmoud Ahmadinejad. Ils ont travaillé étroitement ensemble dans la répression militaire des Kurdes partisans de lautonomie dans les années 1980, quand ils étaient tous deux commandants des gardiens de la révolution à la garnison Hamzeh près de la ville dOroumieh dans le nord-ouest de lIran.
La nomination dAhmadi Moghaddam, officier supérieur des gardiens de la révolution et protégé de leur commandant en chef le général Rahim Safavi, place la police sous la domination complète des gardiens de la révolution et indique un tour de vis supplémentaire de la répression contre ce que les ultra considèrent comme une « déviation » des lois religieuses strictes du pays.
« Cela entre dans le cadre dun courant général pour étendre lhégémonie des gardiens de la révolution sur toutes les institutions militaires, de renseignements et même civiles », estime Farhad Nasseri, un analyste basé à Dubaï. « Layatollah Khameneï ne prend aucun risque. Il veut avoir ses propres hommes à toutes les manettes de contrôle.»
Ahmadi Moghadam a joué un rôle crucial dans la mobilisation des 300.000 gardiens de la révolution et Bassidjis qui ont poussé Ahmadinejad au second tour du scrutin présidentiel le 17 juin et qui lont ensuite propulsé vers la victoire devant Hachemi Rafsandjani une semaine plus tard.
Dans une lettre officielle de protestation adressée au ministre de lintérieur Moussavi Lari, le directeur de campagne de Rafsandjani, Mahmoud Vaezi, avait énuméré plusieurs «irrégularités et pratiques frauduleuses » avant le second tour du scrutin. Il avait mentionné particulièrement «un discours de M. Ahmadi Moghadam, commandant du Bassidj des Gardiens de la révolution à Téhéran, dans un meeting de commandant du Bassidj».
Le site Hatef, proche de Rafsandjani, a révélé quAhmadi Moghadam avait dit aux commandants du Bassidj que « M. Hachemi Rafsandjani a récemment envoyé son fils en Europe sous prétexte de voyage daffaires, durant lequel son fils a reçu la promesse des gouvernements européens de soutenir Rafsandjani. »
Le rôle dAhmadi Moghadam dans les élections législatives de 2003 avait aussi été essentiel pour assurer des sièges aux candidats ultras en utilisant les forces paramilitaires. Pris à partie sur ce rôle, il avait dit : « ce sont des mensonges et des gens essaient de minimiser le taux de participation élevé en faisant ce genre daccusation. Ils ont répandu des rumeurs comme quoi les militaires étaient intervenus dans les élections à une grande échelle et veulent de cette manière tester la réaction des commandants militaires ».
Après le scrutin présidentiel récent, Ahmadi Moghaddam a de nouveau été la cible dun tir de barrage de critique sur le rôle de ses forces aux élections. « Les allégations comme quoi le Bassidj a pris part à des fraudes électorales, a-t-il dit, entre dans le cadre dune vaste campagne dirigée contre le Bassidj et ses membres. Certains veulent forger une crise avant même lannonce du résultat des élections. »
Ahmadi Moghadam a fréquemment rendu hommage à Ahmadinejad comme «administrateur modèle de lesprit du Bassidj.» Pour lui « le maire de Téhéran a gagné sa popularité auprès du peuple et nous devons apprendre de lui ».
Les positions dAhmadi Moghadam sur les questions intérieures et internationales ont la même teinte que celles du nouveau président. Il y a deux ans, il avait fustigé des preneurs dotages qui disaient que la prise de lambassade américaine et la détention de ses occupants pendant 444 jours avait été une erreur. Il avait dit à un rassemblement des troupes du Bassidj dans la ville de Khomeyn : « Certains dans ce pays ont tourné le dos à limam Khomeiny et disent aujourdhui quils regrettent davoir franchi le mur du nid despions ».
En novembre 2004, Ahmadi Moghadam avait déclaré dans un discours quun « pays où dominent les idées libérales naboutit à rien » (journal Kayhan, 27 novembre 2004).