Iran Focus, Téhéran, 21 juillet La nomination dAli Laridjani comme nouveau secrétaire du Conseil suprême de sécurité national (CSSN), la plus haute instance en matière de sécurité du pays, a été confirmée par le comité de sélection du gouvernement, a rapporté mercredi un quotidien influent.
« Le comité de sélection du gouvernement a approuvé la nomination du Dr. Ali Laridjani comme prochain ministre des affaires étrangères, mais même si sa nomination comme secrétaire du Conseil suprême de sécurité national a été finalisée, il nest pas encore certain quil obtienne le ministère des affaires étrangères en même temps », écrivait hier le quotidien ultra Kayhan, citant « une source informée ».
Kayhan rapportait que certains au sein du pouvoir faisait pression pour garder le ministre sortant des affaires étrangères Kamal Kharrazi, arguant que ce serait considéré « comme un signe de stabilité de notre politique étrangère ».
Le porte-parole de ce ministère, Hamid-Reza Assefi, a déclaré à la presse mercredi que Kharrazi souhaitait quitter son poste au bout de huit ans. « Il a dit que ces huit années étaient suffisantes pour ce monde et lau-delà », a affirmé Assefi.
Ali Laridjani est largement considéré comme le fils favori du guide suprême Ali Khameneï. Il avait été choisi comme lunique candidat du camp ultraconservateur, mais son style distant et la médiocrité de sa performance publique signifiait quil navait aucune chance de devenir président.
Ces derniers jours, Laridjani a effectivement assumé la position de plus proche assistant du président Mahmoud Ahmadinejad dans la formation du gouvernement. Laridjani a installé son bureau au Parlement près du bureau provisoire dAhmadinejad. Il était à ses côtés dans la plupart de ses apparitions publiques récentes, y compris lors de sa rencontre avec le Premier ministre irakien Ibrahim al-Jafari.
Ces développements ont alimenté les spéculations à Téhéran comme quoi Laridjani serait nommé premier vice-président ou ministre des affaires étrangères, tout en servant de secrétaire du CSSN.
Depuis quil a quitté son poste de directeur-général à la radiotélévision officielle, Laridjani siégeait au CSSN comme représentant personnel de layatollah Khameneï. Il remplacera désormais Hassan Rohani comme secrétaire de ce conseil puissant, ce qui le met en charge des négociations nucléaires avec la troïka européenne.
Laridjani a été commandant supérieur des gardiens de la révolution. Son frère, Sadegh Laridjani, est un religieux membre du puissant Conseil des Gardiens. Un autre de ses frères, Mohammad-Djavad, est considéré comme un idéologue majeur de la faction de Khameneï.
Quand il était vice-ministre des gardiens de la révolution dans les années 1980, Laridjani a été impliqué dans le soutien aux activités terroristes des agents de lIran au Liban et ailleurs dans le monde musulman.
Durant son bref passage au ministère de lorientation islamique et de la culture, il a adopté une ligne dure qui a beaucoup fait pour étouffer ce qui restait dactivités culturelles indépendantes en Iran. Durant ses longues années passées à la tête du conglomérat de la radiotélévision, Laridjani a introduit des programmes télévisés « islamisés » conformes, pour reprendre ses termes, à « la politique et aux directives du guide suprême ».
Dans le gouvernement de Rafsandjani dans les années 1990, Laridjani est devenu un membre clé du comité secret mis en place par layatollah Khameneï pour « contrer loffensive culturelle contre la république islamique ». Les autres membres de la bande étaient le vice-ministre des renseignements dalors Saïd Emami et le vice-commandant en chef des gardiens de la révolution Bagher Zolghadr.
Le comité avait planifié et mené des meurtres en série de dissidents en Iran et plusieurs assassinats à létranger. Il avait aussi ordonné la production de plusieurs programmes télévisés produit par IRIB et le Vevak pour discréditer les opposants. Quand les meurtres et les autres activités du trio sont devenus un poids pour les dirigeants religieux, Saïd Emami est devenu un bouc-émissaire et a été arrêté comme « renégat ». Les médias ont ensuite rapporté quil sétait suicidé en prison en avalant un produit « épilatoire ».
En 2003, Laridjani a mis en place deux télévisions de langue arabe, Al-Alam et Sahar, et un réseau de radios 24h sur 24 à destination de létranger, pour diffuser les valeurs islamistes dans lopinion publique du Moyen-Orient. Les autorités irakiennes ont condamné les radios pour leur incitation à la violence. La France a interdit Sahar à cause de son « idéologie intégriste » et sa propagande anti-sémite.
A son nouveau poste de chef des négociations nucléaires et à la tête de la plus haute instance de décision du pays en matière de sécurité, on sattend à ce quil imprime sa marque de rigidité idéologique qui le caractérise. Il reste à voir si lapparatchik favori de layatollah Khameneï se verra donner un statut unique en se voyant aussi offrir le ministère des affaires étrangères.