AFP, Téhéran, 2 août – Un magistrat iranien connu pour avoir jugé des affaires politiques sensibles, dont celle du dissident Akbar Ganji, a été assassiné mardi après-midi en pleine rue à Téhéran, a indiqué le porte-parole de la justice Jamal Karimi Rad.
Massoud Moghadassi, vice-procureur de la capitale, a été abattu par balles dans sa voiture, a constaté un journaliste de l’AFP.
Selon des témoins cités par la presse, le collaborateur du redouté procureur Saïd Mortazavi a été tué par un ou plusieurs individus à moto.
Il sortait du complexe judiciaire d’Erchad (Guidance islamique) qui est chargé plus particulièrement de faire respecter la morale islamique et qu’il dirigeait.
Massoud Moghadassi est le juge qui a condamné le dissident Akbar Ganji, actuellement en grève de la faim. Il a aussi mené le procès des intellectuels et des réformateurs qui avaient participé à une conférence très controversée à Berlin en 2000.
Il avait encore condamné Shirin Ebadi, lauréate 2003 du prix Nobel de la paix.
Mme Ebadi avait été emprisonnée pendant plusieurs jours en 2000 après avoir remis aux autorités une cassette contenant les propos d’un membre du Hezbollah iranien, Amir Farchad Ebrahimi, qui affirmait que le groupe avait instruction d’attaquer les rassemblements de réformateurs et d’opposants.
Elle avait finalement été condamnée à une amende.
Selon un avocat qui a eu affaire à lui, Massoud Moghadassi était un dur parmi les durs.
« Il était parmi les plus ardents dans les raids contre les soirées dépravées, la consommation d’alcool, le mauvais port du voile, il réclamait qu’on double les peines de fouet quand elles étaient prononcées. Il ne connaissait quasiment pas la pitié », a-t-il dit sous couvert de l’anonymat.
« Malheureusement, vers 16H00 (11H30 GMT), notre frère Moghadassi, chef du complexe judiciaire d’Erchad a été abattu par balles alors qu’il sortait du travail », a déclaré devant des journalistes le commandant de la police de Téhéran, Morteza Talaie.
« Un individu à moto est passé à sa hauteur quand il était au volant et lui a tiré deux balles dans la tête avec un pistolet, la première l’a tué », a dit le policier.
« Le meurtrier s’est enfui », a-t-il dit.
« La police criminelle a commencé ses investigations, nous espérons qu’avec la création d’une cellule spéciale, l’enquête aboutira », a-t-il déclaré.
« Nous n’avons aucune indication sur les motivations de cet acte », a-t-il dit.
« Généralement, ce genre d’acte est soit le geste d’un fou, soit un règlement de comptes », a-t-il dit en évoquant les dossiers que traitait le magistrat.
Iran : Un juge chargé de dossiers politiques assassiné en pleine rue
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