Le Monde, 19 novembre – Les faucons de l’administration Bush sont toujours prêts à attaquer l’Iran quitte à passer outre l’approbation du Congrès désormais dominé par les démocrates, affirme le journaliste vedette américain Seymour Hersh dans un article à paraître lundi dans le magazine The New Yorker.
Selon Hersh, un mois avant les élections législatives du 7 novembre remportées par les démocrates, le vice-président Dick Cheney a participé avec des responsables de la sécurité nationale à une réunion consacrée à l’Iran.
Le journaliste affirme que M. Cheney aurait indiqué que même en cas de victoire démocrate l’option militaire contre l’Iran ne devait pas être abandonnée.
« C’est un cas classique +d’aller de l’avant dans l’échec+ », selon un expert travaillant pour le Pentagone, cité par Hersh. « Ils croient qu’en frappant l’Iran ils feront oublier les pertes en Irak, c’est jouer à quitte ou double », a ajouté cet expert s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Dans son article, Hersh affirme également que, selon un rapport secret de la CIA, il n’y a pas encore de « preuves concluantes » que l’Iran cherche à fabriquer des armes de destruction massive. Un haut responsable des services de renseignement aurait dit à Hersh que la Maison Blanche était en désaccord avec les conclusions de ce rapport.
Avant l’invasion de l’Irak, en mars 2003, la Maison Blanche avait également exprimé son désaccord avec une analyse de la CIA qui émettait des doutes sur la présence d’armes de destruction massive (ADM) dans ce pays.
La supposée présence d’ADM en Irak a été l’une des raisons invoquées pour envahir ce pays. Finalement, les Américains n’ont pas découvert d’ADM en Irak.
La Maison Blanche a publié un communiqué dimanche daté d’Ho Chi Minh-Ville (Vietnam) pour démentir les allégations de Seymour Hersh.
Cet article est « truffé d’inexactitudes », a affirmé Dana Perono, une porte-parole de la Maison Blanche. Elle a dénoncé le journaliste qui « une fois encore cherche à créer une histoire pour satisfaire ses opinions extrémistes ».
Invité sur CNN dimanche, Hersh a confirmé ses informations.
« Dirigés par M. Cheney » les faucons de l’administration « demeurent très durs » sur l’Iran, a-t-il dit.
Interrogé pour savoir si l’influence de M. Cheney lui semblait avoir diminué, Hersh a répondu qu’il ne fallait « jamais sous-estimer M. Cheney ».
Après la démission du secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld remplacé par l’ancien directeur de la CIA Robert Gates, certains commentateurs ont cru déceler une perte d’influence de Dick Cheney à la Maison Blanche au profit d’anciens collaborateurs de Bush père, comme Gates, réputés plus pragmatiques.
Seymour Hersh, journaliste chevronné qui s’est illustré au Vietnam, a gardé des entrées privilégiées dans les milieux militaires et les services de renseignement. Il est notamment à l’origine des informations sur les sévices dans la prison irakienne d’Abou Ghraib. Son article sur une éventuelle attaque sur l’Iran est intitulé « Le prochain chapitre ».