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A Bam martyrisée, la vie reprend ses droits dans les décombres et l’amertume

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AFP : 22 décembre – Maryam Jahanshahi pourrait être ingénieure; elle préfère s’occuper des enfants, parce que sa soeur était éducatrice avant de mourir dans le séisme de Bam (sud-est) où la vie reprend tant bien que mal le dessus un an après, malgré la douleur et l’amertume d’avoir été « abandonné ».
Recommencer à vivre dans les décombres sans rien oublier, c’est aussi avec cette volonté que Mohammad finit d’enterrer ses morts au cimetière Behesht Zahra, parce qu’il faut mettre fin au deuil rituel d’un an.
Là, des milliers de victimes ont été mises en terre à la hâte après le cataclysme qui a tué près de 30.000 personnes. Certaines ne seront jamais identifiées. On marche sur leurs dépouilles sous la terre aride. Beaucoup d’autres reposent sous un lit de ciment dans lequel un parent a tracé leur nom quand le ciment était encore frais.
« Le gouvernement avait promis de payer les pierres tombales, on attend toujours, j’ai décidé de faire ça moi-même », dit Mohammad. Il lui en coûtera la fortune de 12 millions de rials pour ses 13 proches (1.300 USD).
« On n’a pas arrêté de nous mentir », dit-il, et si, au cimetière comme partout dans la ville dévastée, on a asphalté, planté des arbres et des fleurs, c’est parce qu’on attendait la visite du président Mohammad Khatami pour l’anniversaire. N’empêche, « on traite encore mieux les morts que les vivants », aphorise Mohammad.
Pour les survivants, Bam, l’une des cités les plus riantes d’Iran avant le 26 décembre 2003, reste un amas de ruines. Les rues ont été dégagées, quelques maisons achèvent de se reconstruire. Mais la plupart vivent encore alentour, dans des camps de préfabriqués; 37.000 ont été attribués, selon le gouverneur local, Mohammad Rafizadeh.
Ce dernier « comprend l’impatience des gens ». Il concède « des problèmes dans la reconstruction », invoquant les insuffisances du sytème de prêts ou le refus des habitants d’accepter de se reloger dans des maisons plus petites.
Mais « un travail colossal » a été accompli. « Près de sept millions de mètres cubes de gravats ont été déblayés ». Et puis « il fallait tracer un plan directeur de la reconstruction ». Il est prêt et « je peux vous assurer que désormais les choses vont aller plus vite ».
Les humanitaires, eux, s’accordent pour juger que « les choses auraient pu aller plus vite », comme l’explique sobrement le coordinateur des Nations unies en Iran, Frederick Lyons.
Sous couvert d’anonymat, ils rendent compte des difficultés rencontrées, invoquent les lourdeurs de la bureaucratie, le combat permanent pour obtenir des terrains ou renouveler des visas, les querelles politiciennes quand ils ne parlent pas de matériel disparu, voire de corruption.
« Les services iraniens s’étaient engagés à fournir les latrines pour une école, il y a un mois ils sont revenus sur leur engagement. Avec la culture iranienne, pas de latrine, cela veut dire pas d’école », dit l’un d’eux.
« L’Iran est un pays riche de ressources financières et humaines ». Pourtant, pour l’une, « c’était plus facile au Katanga ». Pour un autre, « c’est pire qu’au Mozambique ».
Cependant, relève par exemple Stéphanie Lebreuvaud, de Terre des hommes, « au bout du compte, le travail est fait ».
« Il ne faut pas oublier l’ampleur du désastre », rappelle Kari Egge, la représentante de l’Unicef. L’administration locale a été décimée. Mais « plus de 24.000 enfants, presque tous donc, sont retournés à l’école », dit Mme Egge.
D’innombrables projets ont été mis en oeuvre, pour prendre en charge les victimes, les aider à surmonter le traumatisme, faire repartir l’économie. Il n’y a pas eu d’épidémie majeure. Avec les réparations du système d’irrigation, « la récolte de dattes a été très bonne dès cette année », se réjouit Hendrik Jan Harbers, de l’organisation World Vision.
Dans les rues de Bam, le bazar a rouvert, dans des containeurs. La ville serait livrée au trafic et à la consommation de drogue et l’alcool. Mais Maryam Jahanshahi a trouvé un peu de réconfort en reprenant le travail de sa soeur: « J’allais très mal, maintenant ça va mieux. Et les enfants recommencent à sourire, ils utilisent des couleurs gaies quand ils dessinent ».

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