AFP, 2 novembre 2008 – Le président du Parlement iranien, Ali Larijani, a décidé dimanche d’interdire l’entrée à l’Assemblée d’un représentant du gouvernement accusé d’avoir versé des pots-de-vin à des députés pour empêcher un vote en faveur d’une motion de censure contre le ministre de l’Intérieur.
En réaction, le président Mahmoud Ahmadinejad a annoncé le renvoi de ce représentant, tout en critiquant vivement la motion de censure en question, qui doit être débattue mardi.
Le secrétaire général du bureau du gouvernement au sein de l’Assemblée, "Mohammad Abbassi, n’a plus le droit de venir au Parlement. Personne n’a le droit de jouer avec la dignité du Parlement", a déclaré M. Larijani lors d’un discours retransmis à la radio d’Etat.
Selon les résultats d’une enquête de la présidence du Parlement, M. Abbassi a remis à des députés des chèques d’un montant de 50 millions de rials (5.000 dollars) destinés en principe à aider les mosquées de leurs régions.
Mais, dans le même temps, il leur faisait signer, à leur insu, un papier dans lequel ils renonçaient à une motion de censure contre le ministre de l’Intérieur, Ali Kordan.
Selon les journaux de dimanche, des députés ont dénoncé des pressions et des promesses d’aide aux élus de province. "Les chèques de 50 millions de rials sont une partie des propositions du ministère de l’Intérieur pour (amener les députés à) renoncer à la motion de censure", a déclaré le député Rouhollah Jani Abbaspour, cité par le quotidien modéré Kargozaran.
M. Larijani a encore évoqué "la supercherie" de M. Abbassi et demandé au gouvernement de s’occuper de cette affaire pour lever "toute ambiguïté".
Le vice-président chargé des Affaires parlementaires, Mohammad Reza Rahimi, a dans un premier temps accusé les parlementaires de mentir, accentuant leur colère.
Mahmoud Ahmadinejad est ensuite intervenu pour annoncer le renvoi de Mohammad Abbassi, coupable d’avoir commis "une erreur personnelle", selon des propos repris par l’agence officielle Irna.
Mais il a également dénoncé la motion de censure déposée contre le ministre de l’Intérieur, qui doit être examinée mardi, affirmant que ce dernier était "victime" d’une injustice.
Le ministre de l’Intérieur est la cible d’attaques virulentes pour avoir menti, affirmant qu’il avait un doctorat de droit de la prestigieuse université britannique Oxford. Il a finalement reconnu fin septembre que son diplôme était un faux, mais a refusé de démissionner.
M. Ahmadinejad a accusé "certains de vouloir créer des problèmes au gouvernement".
"Cette question (le faux doctorat de M. Kordan, ndlr) n’est pas le problème principal du pays, elle crée un climat d’agitation qui empêche le gouvernement de travailler", a encore déclaré M. Ahmadinejad, qui a ajouté qu’il n’irait pas assister à la séance du Parlement sur la motion de censure.
L’adoption de la motion de censure contribuerait à accentuer les tensions politiques à moins de huit mois de la présidentielle de juin 2009, alors que les critiques se multiplient contre la politique du gouvernement.