IranIran (actualité)Le défi aux ayatollahs iraniens

Le défi aux ayatollahs iraniens

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The Washington Times, 25 février 2005

Par Alejo Vidal-Quadras Roca

Les ayatollahs radicaux au pouvoir en Iran ont réagi avec enthousiasme aux résultats des élections chez leurs voisins en Irak. « C’est certainement la promotion de la démocratie et c’est pourquoi nous nous en réjouissons, » a déclaré le ministre iranien des affaires étrangères, Kamal Kharrazi.

Les appels ardents des ayatollahs à des élections démocratiques en Irak, tout en refusant ce même choix à leurs propres citoyens, est la dernière ironie en date dans le labyrinthe tortueux de la politique moyen-orientale.

Le calcul politique derrière ce double langage orwellien des dirigeants iraniens est qu’ils voient dans les élections en Irak une occasion d’étendre leur influence sur le principal champ de bataille qu’est devenu l’Irak pour l’avenir du Moyen-Orient. Dans son testament politique, l’ayatollah Khomeiny exhortait ses successeurs à poursuivre leurs efforts pour lancer une révolution islamique en Irak, soulignant que «la route de Jérusalem passe par Karbala.» Téhéran a consacré d’immenses ressources pour assurer la victoire de ses protégés en Irak. Des milliers de mollahs chiites ont été envoyés des séminaires iraniens dans le sud de l’Irak. Les agents iraniens ont versé des sommes faramineuses pour acheter l’influence de chefs de tribus chi’ites, et Téhéran a cherché à dominer les ondes en finançant des dizaines de stations de radio et de chaînes de télévision en arabe diffusant de la propagande islamiste en Irak.

Dans ce processus, cependant, les ayatollahs ont probablement commis leur plus grande gaffe.
Ils ne se sont pas rendus compte que « c’est bête, mais c’est une question de démocratie ».

Si les Irakiens épris de liberté réussissent à surmonter les difficultés pour consolider leur nouvelle démocratie, face aux graves menaces des terroristes, des extrémistes islamiques et des ingérences voisines, le régime théocratique iranien sera confronté à un péril mortel: la démocratie est, après tout, contagieuse.

La direction iranienne est consciente des risques qu’elle encoure en Irak, et les ayatollahs de Téhéran sont déterminés à faire dérailler le processus démocratique dans ce pays par une politique à double objectif. Le premier consiste à fomenter la violence en soutenant un vaste éventail de groupes terroristes opérant en Irak. Des ministres irakiens de premier plan ont publiquement qualifié l’Iran de principal commanditaire du terrorisme en Irak. Associated Press a rapporté le mois dernier de Bagdad que le chef, fait prisonnier, de l’armée de Mohammad, un groupe sunnite impliqué dans des décapitations et autres attaques sanglantes, avait affirmé aux autorités irakiennes que l’Iran avait fourni de l’argent, des armes et des « voitures piégées » à son groupe.

Le second objectif consiste à détourner le processus politique en Irak par le biais d’éléments à la solde de l’Iran. Il y a les figures clés sur la liste chi’ite dont la fidélité de longue date au clergé iranien est une source de grave inquiétude pour les politiciens laïcs et démocratiques en Irak. Se faisant l’écho de ces préoccupations, le porte-parole du Premier ministre sortant, Iyad Allawi, a mis en garde les dirigeants irakiens qu’ils «doivent être fidèles à l’Irak et pas à un autre pays. »

La communauté internationale est en face d’un enjeu beaucoup trop important en Irak pour permettre aux dirigeants iraniens d’étouffer la démocratie naissante en Mésopotamie. Cela nécessite une politique transatlantique ferme et cohérente, et voici une première mesure à prendre: Mettre au défi le régime théocratique de tenir des élections libres en Iran, comme il le prêche pour l’Irak.

Evidement les ayatollahs rejettent avec acharnement toute référence au besoin de démocratie en Iran. Quand dans son discours sur l’état de l’Union le Président Bush a déclaré aux Iraniens « l’Amérique se tient à votre côté dans votre quête de liberté », la réaction de Téhéran a été immédiate et furieuse.

« L’Amérique est une des têtes principales de l’hydre à sept têtes de l’arrogance, a rétorqué avec fureur Ali Khameneï, le guide suprême de la République islamique. Les capitalistes sionistes et de non-sionistes qui forment le cerveau de cette hydre, ont installé le président sortant aux Etats-Unis pour servir leurs intérêts. Bush est le cinquième président américain à vouloir abattre la nation iranienne et la République islamique, mais il ne réussira pas plus que Carter, Reagan, Bush père et Clinton.»

L’ayatollah Khamenei a toutes les raisons de réagir viscéralement à n’importe quelle suggestion de changement démocratique en Iran. Il occupe un poste non-élu dominant les trois branches du pouvoir. L’année dernière, ses fidèles au conseil des gardiens ont arbitrairement « disqualifié » plus de 2.000 candidats aux élections parlementaires, ouvrant la voie aux radicaux pour accaparer les sièges du nouveau parlement.

Les Iraniens éliront un nouveau président le 17 juin de cette année. Dans l’état actuel des choses, les ayatollahs ne sont pas inquiétés par cette élection : un système rigoureux de contrôle s’assurera que tous les candidats n’étant pas « loyaux au guide suprême » seront rayés de la liste électorale. N’importe qui fera l’affaire à la place du président bancal Mohammed Khatami, les religieux de la ligne dure ne voyant aucune menace à leur régime.

Tout ceci pourrait changer si la communauté internationale forçait Téhéran à organiser une élection présidentielle libre sous la supervision des Nations Unies.

Comme en Irak, où les dirigeants iraniens insistaient pour la tenue « d’élections libres et sans manipulation », tous les candidats devraient être autorisés à participer sans crainte d’intimidation ou de fraude.

Une des candidates pourrait être Maryam Radjavi, une dirigeante charismatique de l’opposition qui jouit d’une vaste assise, en particulier parmi la jeunesse et les femmes opprimées d’Iran. Quand je l’ai invitée à s’adresser aux membres du Parlement européen à Strasbourg, Mme Radjavi a autant rejeté la politique de complaisance, qu’une guerre étrangère pour renverser les ayatollahs. A la place, elle a proposé une troisième option : un changement par les Iraniens, dont la grande majorité cherchent à mettre fin à la tyrannie religieuse.

Les Etats-Unis sont allés faire la guerre en Irak avec le but de libérer les Irakiens des affres d’un dictateur brutal. Le Président Bush a également parlé avec éloquence du droit des Iraniens à la liberté. Empêcher la subversion de la démocratie irakienne par Téhéran et encourager les Iraniens à se libérer pourrait conduire à l’instauration de deux démocraties dans la région la plus sensible du monde.

Cependant, tout inaction pourrait culminer à la prise du pouvoir par les radicaux islamiques en Iran et en Irak, avec des conséquences catastrophiques pour le monde libre.

Si l’occident décide d’agir de concert, cela laisserait présager un été long et torride pour des ayatollahs au pouvoir en Iran.

Alejo Vidal-Quadras Roca est le premier vice-président du Parlement européen.

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