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Douste-Blazy demande une grande conférence internationale pour résoudre la crise d’Achraf

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Iran Focus:  Lors d’une conférence organisée à Paris le 6 janvier par le Comité Français pour un Iran Démocratique en présence de dizaines de dignitaires  américains et européens de premier plan, Philippe Douste-Blazy s’est joint à Maryam Radjavi, dirigeante de la Résistance iranienne pour demander une grande conférence internationale en vue de résoudre la crise d’Achraf.

Le  secrétaire adjoint de l’ONU et ancien ministre français des Affaires étrangères a notamment déclaré :

Nous ressentons tous aujourd’hui un double sentiment. D’une part, bien sûr, un sentiment de soulagement, mais en même temps un énorme sentiment d’inquiétude. D’un côté nous avons constaté qu’ensemble nous avons pu former une force capable d’éviter un massacre annoncé de longue date, parce que notre force de persuasion a fait comprendre au gouvernement Maliki qu’il n’avait aucun intérêt à maintenir sa date butoir du 31 décembre pour la fermeture du camp d’Achraf.
Mais d’un autre côté, nous ressentions cette inquiétude, puisque le danger continue à planer sur les habitants d’Achraf.

Oui, je me suis opposé à un déplacement injustifié des habitants d’Achraf vers un autre lieu en Irak. Oui, j’ai dénoncé la perte de temps que le gouvernement irakien a imposé au Haut comité pour les Réfugiés, alors qu’il était disposé à examiner depuis septembre le statut de chaque habitant d’Achraf pour préparer leur transfert vers un pays tiers. Et enfin, oui, j’ai qualifié l’insistance du gouvernement irakien de stupide.

Mais aujourd’hui, je ne peux cacher mon étonnement, quand j’ai appris que Madame Radjavi et les représentants des habitants d’Achraf avaient accepté leur déplacement vers le camp Liberty en vue d’ouvrir une voie à une solution pacifique à cette grave crise humanitaire. Je le reconnais, j’ai été étonné. Cela traduit la profonde confiance que met la résistance iranienne dans les institutions des Nations Unies et dans les engagements donnés par les États, à commencer par les États-Unis en matière de sécurité des habitants d’Achraf.

Cette attitude responsable de Madame Radjavi fait augmenter encore la responsabilité de l’ONU dans la quête d’une solution pacifique. Je voudrais, chère Madame Radjavi, rendre hommage à votre courage, à votre détermination, et vous dire que je me joins à vous pour demander une grande conférence internationale sur ce douloureux sujet. En tant que secrétaire adjoint des Nations Unies, j’en ressens certes une certaine fierté, je vous en remercie.

Je ne peux que me réjouir devant le chemin parcouru et les efforts du secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon. Et particulièrement de son représentant spécial en Irak, M. Martin Kobler. Nous sommes tous conscients que les termes du protocole d’accord signé avec le gouvernement irakien ne donnaient absolument pas satisfaction aux exigences minimums de sécurité pour les habitants d’Achraf. C’est à la suite des engagements pris par le représentant spécial dans sa lettre aux Achrafiens que les habitants ont pu enfin accepter de quitter le lieu qui a été, ne l’oublions pas, pendant 25 ans, leur foyer et où ils ont fait leur vie.

Mais je voudrais dire à l’ambassadeur Bolton que si les Nations Unies ont une responsabilité, j’y reviendrai, les États-Unis aussi. Et vous savez que mon pays n’a pas toujours partagé les mêmes positions que votre pays, Monsieur l’ambassadeur, sur l’Irak. Et pour avoir été membre du Conseil de sécurité des Nations Unies comme ministre des Affaires étrangères de mon pays, je sais que le secrétaire général des Nations Unies n’est que la résultante de ce que veulent les pays. Alors, demandez à votre ambassadeur et demandons à notre ambassadeur français de faire pression au Conseil de sécurité pour que les Nations Unies aient encore plus de pouvoir sur le gouvernement irakien.

Je voudrais ce soir me concentrer sur ce qui s’est passé après l’accord. Je constate que depuis le 30 décembre, 400 habitants d’Achraf se sont dit disposés à se déplacer, avec leurs véhicules, avec leurs biens, vers le camp Liberty. Nous sommes le 6 janvier, et à ce jour, le gouvernement irakien fait toujours obstacle à ce déplacement.

Alors, la communauté internationale n’a qu’une seule question à se poser : Pourquoi ? Pourquoi exige-t-on des habitants d’Achraf qu’ils n’emportent pas leurs véhicules ? Pourquoi exige-t-on des habitants d’Achraf qu’ils n’aient pas le droit aux équipements nécessaires aux infrastructures du nouveau camp ? Pourquoi ne leur donne-t-on même pas le droit d’y aller pour visiter ce nouveau camp et pour évaluer les besoins prioritaires ? Pourquoi ? Posons-nous cette question. Et il y a lieu, s’il n’y a pas de réponse, à se demander si cela ne ressemble pas à un déplacement forcé vers un camp de prisonniers.

 

Le gouvernement irakien est-il en train de détourner la parole et les engagements donnés auprès de l’ONU ? En tout cas le soupçon se maintient sur ceux qui ont violé par le passé leur parole et qui n’ont jamais traité humainement les habitants d’Achraf et qui ont même commis des terribles massacres en juillet 2009 et en avril 2011. Il ne faut pas l’oublier, il ne faut pas permettre au gouvernement irakien d’instrumentaliser les institutions des Nations Unies.

Et puis, chers amis, un mot plus personnel. Comme médecin, je suis scandalisé par le fait que le 2 janvier, le transfert de trois malades dans un hôpital ait été empêché par les autorités irakiennes, alors que l’hospitalisation de ces trois malades était acceptée dans un premier temps. Elle a été refusée dans les dernières minutes. Cela fait trois ans que le gouvernement irakien empêche, entrave la possibilité pour les habitants d’Achraf malades de pouvoir se faire soigner. Ça, pour moi, c’est une attitude arbitraire, une attitude inhumaine, qui a d’ailleurs causé la mort de douze habitants dans les derniers mois. Ça c’est quelque chose pour moi d’absolument inacceptable. Ce sont les droits de l’homme essentiels de se faire soigner.

Je suis ici ce soir avec vous, à vos côtés, Madame la Présidente, aux côtés des Achrafiens qui, je suis sûr, m’entendent. Aux côtés de ces personnalités éminentes qui se sont battues contre la lenteur de leur administration et parfois contre leur laxisme pour sauver ces vies. Alors je vous dis ce soir que vous avez eu raison de vous battre, nous n’abandonnerons jamais un seul des habitants d’Achraf.

Si je suis ce soir aussi avec vous, c’est parce que je ne veux pas que l’accord signé par l’ONU soit utilisé par le gouvernement irakien comme un instrument de répression des Achrafiens, une justification d’un déplacement forcé. Car cela, l’Histoire ne nous le pardonnera pas. Et donc, si je suis ici ce soir, c’est pour dire collectivement que si nous voulons éviter un tel désastre, il faut que la communauté internationale s’adresse avec fermeté aux autorités de Bagdad pour leur faire comprendre que l’on ne peut ignorer le minimum de sécurité demandé par ces réfugiés. Le gouvernement irakien doit comprendre qu’à force d’exiger, qu’à force d’imposer des restrictions draconiennes aux résidents d’Achraf, il endossera la responsabilité de faire échouer l’accord et se mettra au ban des nations.

Les habitants d’Achraf ont trop souffert, ils ont fait d’énormes concessions. Nous le disons fermement : cela suffit. Au 21ème siècle, on ne peut accepter autant d’injustices sous nos yeux. Et donc, si je suis ici ce soir avec vous, c’est pour contribuer à ouvrir les yeux du monde sur tous ces risques, et je remercie les journalistes qui sont venus, parce qu’ils sont beaucoup plus nombreux qu’au début de ce combat.

 

Pour terminer, je dirais que le moment est donc venu de dire quatre choses :
– Premièrement, que les Nations Unies et leur représentant spécial, comme il s’y est engagé dans sa lettre aux habitants d’Achraf, feront tout pour garantir la sécurité et le bien-être des habitants. Il va de soi que l’ONU ne pourrait soutenir un plan qui ne prendrait pas en considération les droits élémentaires de ces réfugiés.

– Deuxièmement, c’est avec les garanties des États-Unis, et je suis très heureux ici de retrouver le gouverneur Dean et Patrick Kennedy. Mais aussi avec les garanties de l’Union Européenne et des Nations Unies, que les habitants d’Achraf ont accepté le déplacement vers le camp Liberty. C’est parce qu’ils ont eu confiance qu’ils ont accepté ce déplacement. Nous sommes donc tous responsables de veiller à leur sécurité et à leur situation pendant le transfert au camp Liberty. Il est hors de question de cautionner le départ vers un camp transformé en une sorte de prison.

– Troisièmement, il faut reconnaître le droit de ces réfugiés à disposer de leurs espaces privés et éviter les ingérences et interventions policières, et leur harcèlement dans leur vie de tous les jours, particulièrement dans le nouveau camp, et il faut demander au moins cinq km de périmètre pour que cela puisse être respecté.

– Quatrièmement, il ne doit exister aucune entrave à leur droit à la propriété. Ils ont le droit de transférer leurs véhicules, leurs biens vers le camp Liberty, c’est ce que nous demandons ce soir.

Alors, oui, je reste plus que jamais aux côtés des braves et des héros d’Achraf qui ont tant souffert dans la quête de la démocratie, dans la quête de la liberté et dans la quête de la paix. Vous avez trop souffert, vous avez été doublement persécutés dans votre pays et en exil, et vous avez été tant calomniés dans votre combat courageux. Sachez que nous sommes là pour mettre aujourd’hui un terme à votre calvaire et appuyer vos demandes légitimes. Je serai là pour le dire au secrétaire général des Nations Unies en qui j’ai une grande confiance.

Dorénavant, l’ONU a une très grande responsabilité vous concernant. Ne doutez pas de notre détermination. Ce soir, le gouvernement irakien doit comprendre qu’il y a une fin à ses exigences démesurées et illégitimes. Chère Madame Radjavi, nous sommes à vos côtés, nous sommes aux côtés de ces femmes, de ces enfants, de ces hommes qui souffrent. Je veux leur dire qu’ils ne sont pas seuls. Et que ceux qui les terrorisent sachent que nous ne les lâcherons jamais.

 

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