AFP, Paris, 8 août – Une lettre au ton « alarmant » de l’Iran et la reprise par ce pays d’activités nucléaires sensibles ont ouvert une « crise grave », a déclaré lundi le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, en appelant la communauté internationale à se montrer « unie ».
Le Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a été convoqué pour mardi à Vienne.
« La communauté internationale réagira et décidera des suites à donner à la décision iranienne. Je souhaite qu’elle se montre unie face à une crise grave provoquée délibérément par l’Iran », a indiqué M. Douste-Blazy, dans une déclaration à l’AFP.
L’Iran, a-t-il dit, a pris lundi « deux décisions unilatérales graves et préoccupantes ».
« Nous avons reçu une réponse officielle négative à la proposition globale formulée par l’Allemagne, l’Angleterre et la France dans une lettre datée du 5 août » qui contenait des offres de coopération multiforme avec Téhéran.
Selon le ministre, « le ton de la réponse est particulièrement alarmant et contraire à l’esprit dans lequel nous avons conduit le dialogue avec l’Iran au cours des deux dernières années ».
Par ailleurs, la reprise des opérations de conversion d’uranium à l’usine d’Ispahan (centre de l’Iran) constitue « une violation claire de l’accord de Paris (du 15 novembre 2004) et des résolutions de l’AIEA qui prévoyaient la suspension des activités sensibles ».
S’agissant de l’offre européenne, « nous regrettons que l’Iran n’ait pas pris le temps nécessaire pour l’examiner de façon approfondie et n’ait pas souhaité en discuter avec nous, comme nous l’avions proposé ».
« Les prétextes avancés pour la refuser ne sont pas convaincants », a dit M. Douste-Blazy sans fournir de précisions. Selon lui, « l’initiative européenne a ouvert une parenthèse permettant à l’Iran de rétablir la confiance. C’est cette parenthèse que l’Iran est en train de refermer ».
« J’appelle encore une fois l’Iran à entendre la voix de la raison et à revenir sans délai au plein respect des accords de Paris » auxquels la France et ses partenaires restent « attachés », a déclaré le ministre.
Le Conseil des gouverneurs de l’AIEA doit discuter mardi d’une résolution demandant à l’Iran de revenir à la suspension de ses activités sensibles. Téhéran est soupçonné depuis des années de chercher à fabriquer la bombe atomique.
« J’ai dit que le Conseil de sécurité de l’Onu pourrait devoir traiter du dossier iranien qui aurait pu lui être transmis dès l’automne 2003 », a rappelé M. Douste-Blazy.
Comme on lui demandait si les Nations unies pourraient être saisies en vue d’éventuelles sanctions économiques, il a répondu: « aujourd’hui, nous n’en sommes pas là. J’appelle encore ce soir l’Iran à la raison ».
La Grande-Bretagne et l’Allemagne avaient auparavant réagi plus prudemment en exprimant leur préoccupation. Le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer avait notamment estimé qu’il fallait faire le maximum « pour éviter un développement erroné aux conséquences désastreuses ».
Washington a pris acte pour sa part de la décision « malheureuse » de Téhéran et a souhaité que le Conseil de sécurité de l’Onu se saisisse de la question.
Paris appelle la communauté internationale à s’unir face à une « crise grave »
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