AFP, Washington, 8 août – Washington prend acte de la décision « malheureuse » de Téhéran de reprendre ses activités nucléaires et souhaite que le Conseil de sécurité de l’Onu se saisisse de la question, a indiqué lundi un responsable du département d’Etat.
« S’ils ont réellement pris des mesures pour reprendre la conversion de l’uranium (…), c’est malheureux », a déclaré ce responsable ayant requis l’anonymat.
« Nous soulignons depuis le début l’importance pour l’Iran de respecter la suspension (des activités d’enrichissement d’uranium) et tous les autres aspects de l’accord de Paris » conclu en novembre 2004, a-t-il souligné.
« Nous avons toujours dit que si l’Iran brisait les scellés et reprenait l’enrichissement à Ispahan ou ailleurs, une réponse appropriée serait un renvoi devant les Nations unies », a ajouté le diplomate américain.
Moins d’une semaine après la prise de fonctions du président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad, l’Iran a repris la transformation du « yellowcake », poudre de minerai d’uranium concentré extrait des mines du désert iranien, en tétrafluorure puis en hexafluorure d’uranium (UF4 et UF6).
Ces gaz doivent ensuite être introduits dans des centrifugeuses pour produire de l’uranium enrichi.
Il s’agit là d’un cycle qui fournit le combustible nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaire civiles, mais qui peut être détourné pour fabriquer l’arme atomique. Ces activités avaient été suspendues en novembre 2004 pour permettre des négociations avec les Européens.
La troïka européenne (Allemagne, France et Grande-Bretagne) a convoqué pour mardi une réunion extraordinaire du Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), après le rejet de sa dernière proposition présentée vendredi.
« Nous nous attendons à ce que le Conseil (des gouverneurs) prenne des mesures appropriées », a noté le diplomate américain.
Les Européens avaient proposé à Téhéran une coopération étendue en échange de garanties que l’Iran renoncerait à produire du combustible nucléaire, donc à enrichir de l’uranium potentiellement militaire, une proposition aussitôt jugée « inacceptable », voire « insultantes », par les dirigeants iraniens.
Les Etats-Unis avaient publiquement renouvelé vendredi leur soutien à cette démarche des Européens, même si en privé ils ne cachaient pas leur scepticisme, selon une source diplomatique française.
« C’est une proposition de la Troïka européenne, ce n’est pas une proposition américaine », indiquait vendredi un haut responsable américain s’exprimant sous couvert de l’anonymat.
« Nous n’acceptons pas tous les détails de la proposition mais nous acceptons le fait qu’elle a été présentée », ajoutait-il.
Washington avait à l’origine critiqué l’initiative diplomatique européenne, soupçonnant l’UE de faiblesse vis-à-vis de l’Iran, pays qu’ils ont placé sur leur « Axe du mal ».
Mais l’administration du président George W. Bush s’était jointe aux efforts européens en mars pour tenter d’améliorer les relations transatlantiques affectées par la guerre en Irak.
Les Etats-Unis, qui avaient jusque là insisté sur la nécessité pour Téhéran de démanteler toutes ses installations susceptibles d’être utilisées pour l’enrichissement d’uranium, avaient assoupli leur position, acceptant que la Russie poursuive la construction de sa centrale civile à Bouchehr (sud de l’Iran).
Après la décision « malheureuse » de l’Iran, Washington appelle l’Onu à réagir
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