AFP,Téhéran, 7 octobre – Le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki a appelé vendredi les Européens à reprendre les négociations sur le nucléaire, alors que des milliers de personnes ont manifesté à Téhéran pour défendre le droit de l’Iran à maîtriser la technologie nucléaire pacifique.
« La République islamique d’Iran considère les négociations comme le meilleur moyen pour exposer le point de vue des différentes parties et d’aboutir à un accord », a déclaré M. Mottaki, cité par l’agence officielle Irna.
« Lorsque les Européens seront prêts, les conditions pour reprendre les négociations existent », a-t-il ajouté, tout en lançant une mise en garde aux Européens.
« Si la résolution (de l’AIEA) n’est pas corrigée ou si on insiste pour appliquer les parties illégales et non juridiques de la résolution, l’Iran se réserve le droit d’arrêter ses mesures volontaires qui étaient destinées à créer la confiance », a-t-il ajouté.
L’Iran a accepté fin 2003 de suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium et d’appliquer le protocole additionnel au Traité de non prolifération (TNP), qui autorise des inspections surprises de ses sites nucléaires.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a adopté le 24 septembre une résolution sur le programme nucléaire iranien qui ne demande pas expressément la saisine du Conseil de sécurité à ce stade, mais qui établit les conditions d’un transfert ultérieur du dossier devant cet organe de l’Onu.
L’Iran a prévenu mardi qu’il n’accepterait pas de reprendre les négociations sur son programme nucléaire avec les Européens si ces derniers posaient comme condition préalable la suspension totale de ses activités ultrasensibles.
Par ailleurs, des milliers de personnes ont manifesté après la prière collective à Téhéran, scandant des slogans contre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
« Mort à l’Amérique, mort à Israël, mort à la Grande-Bretagne », ont crié les manifestants qui se sont rassemblés devant l’université de Téhéran, à l’appel des autorités.
« Les Etats-Unis sont nos ennemis » ou encore « la suspension de nos activités nucléaires est impossible car c’est le signe de notre indépendance », ont-ils encore lancé.
« La science nucléaire est notre droit, et le monde l’a accepté », ont scandé les manifestants.
Des manifestations identiques devaient avoir lieu dans d’autres villes.
Un groupe d’une quarantaine de manifestants se sont rendus devant l’ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran pour demander l’expulsion de l’ambassadeur et la fermeture de la représentation diplomatique. Ils ont été dispersés par la police sans incident.
« Il ne faut pas avoir peur des sanctions », a déclaré un peu plus tôt l’ayatollah Ahmad Janati, un haut dignitaire religieux conservateur lors de la prière.
« Nous ne cherchons pas à être soumis aux sanctions, mais si on veut nous imposer des sanctions, nous ne céderons pas et nous résisterons », a-t-il ajouté.