L’Express (AFP) : 5 novembre – La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne tentaient vendredi à Paris de trouver un compromis avec l’Iran sur son programme nucléaire afin d’éviter que le dossier ne soit porté devant le Conseil de sécurité des Nations-Unies.
Des négociations au niveau des hauts fonctionnaires se tenaient dans les locaux du quai d’Orsay entre représentants iraniens et ceux de la troïka européenne, selon des responsables des pays participants.
Les Européens veulent convaincre l’Iran de cesser ses activités liées à l’enrichissement de l’uranium en échange d’une coopération nucléaire avec l’Union Européenne.
Si l’Iran ne renonce pas à l’enrichissement, les Etats-Unis menacent de faire transférer le dossier du nucléaire iranien de l’Agence Internationale pour l’énergie atomique (AIEA), où il est encore à l’examen, au Conseil de sécurité des Nations Unies.
Le temps presse car le 25 novembre s’ouvre à Vienne la prochaine réunion de l’AIEA qui devrait décider d’en référer au Conseil de sécurité si l’Iran ne cède pas.
« Les interlocuteurs iraniens doivent apporter des éléments de réponse », a déclaré vendredi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Hervé Ladsous.
« Ce qui est en jeu c’est la prolifération nucléaire et la nature du programme nucléaire iranien », a-t-il précisé.
Cette réunion « fait partie du processus diplomatique en cours visant à trouver une solution avec l’Iran avant la réunnion du 25 novembre », a indiqué un diplomate britannique à Paris.
« Il y a plusieurs propositions et ensembles de propositions sur la table. Ce que je peux assurer c’est que nous sommes extrêmement désireux d’arriver à un accord avant la réunion de l’AIEA », a-t-il ajouté.
La discussion porte notamment sur un compromis éventuel autour d’une suspension des activités d’enrichissement et le délai de cette suspension.
Deux autres rencontres du même type que celle de Paris ont déjà eu lieu les 21 et 27 octobre à Vienne. Le 27 octobre, les Iraniens avaient indiqué qu’ils pourraient accepter de suspendre pendant au maximum six mois l’enrichissement, le temps de négocier un accord avec les Européens.
Ces derniers ont offert à l’Iran des assurances sur l’approvisionnement en combustible nucléaire et une assistance à l’acquisition d’un réacteur civil mais en échange d’un arrêt illimité de l’enrichissement.
L’un des négociateurs iraniens s’est déclaré vendredi « optimiste » sur l’issue des tractations mais a admis qu’elles seraient « dures » et « compliquées ».
« Les deux parties sont déterminées à trouver un accord qui les satisfasse toutes deux », a ajouté Hossein Moussavian, à la télévision iranienne.
Il a fait état de « nouvelles propositions » des deux bords, « plus concrètes et réalisables » que les précédentes, ajoutant « nous avons atteint le point où nous devons parvenir à un résultat ».
Téhéran écarte catégoriquement une suspension sine die de l’enrichissement et M. Moussavian n’a pas exclu que le Conseil de sécurité soit saisi.
« L’Iran ne se prêtera à aucun compromis sur son droit à maîtriser le cycle du combustible, tel est le droit de l’Iran en vertu du Traité de non-prolifération, et ce droit ne doit pas être dénié au cours de ces négociations, même si le prix à payer, c’est de se retrouver devant le Conseil de sécurité », a-t-il dit.
Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei a mené vendredi lors de la prière du vendredi à l’université de Téhéran un violent réquisitoire contre les Etats-Unis, les accusant de vouloir entraver l’indépendance de l’Iran en prétendant qu’il cherche à se doter de l’arme nucléaire.
Des Moudjahidine du peuple, opposants au régime iranien, ont manifesté à Paris, en marge des pourparlers, pour dénoncer un « sale marchandage proposé par la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne avec les Mollahs iraniens ».